« Rembrandt » de Pierre Schoeller : beauté radioactive

Quelque part à la lisière du drame et du thriller, Pierre Schoeller imagine l’éveil éco-anxieux d’une ingénieure du nucléaire. Le réalisateur n’a rien perdu de son art de l’évocation et de sa mise en scène élégante.


Rembrandt de Pierre Schoeller © Tresor Films – France 3 Cinema – Zinc – Les productions du tresor – Artemis Production
Rembrandt de Pierre Schoeller © Tresor Films – France 3 Cinema – Zinc – Les productions du tresor – Artemis Production

« Il y a deux façons de ne pas aimer l’art, écrivait Oscar Wilde dans Intentions en 1891. L’une est de ne pas l’aimer. L’autre est de l’aimer de façon rationnelle. » Que se passe-t-il donc lorsque l’esprit le plus cartésien est percuté de plein fouet par une émotion pure comme seul l’art est capable d’en provoquer ?

C’est précisément ce qui arrive à Claire, physicienne spécialiste du nucléaire (Camille Cottin). Avec Yves (Romain Duris), son mari, ils admirent des toiles de Rembrandt à la National Gallery de Londres. C’est une révélation, dont on peine au début à saisir l’ampleur. Mais Claire en sort différente, plus loin des siens, plus proche d’une appréhension instinctive du monde. Et la voilà qui commence à remettre en cause le bien-fondé même de son métier.

Profondément déroutant, notamment dans son oscillation entre les genres, du drame conjugal au thriller politique, Rembrandt est aussi une nouvelle occasion pour Pierre Schoeller de démontrer sa maîtrise derrière une caméra après L’Exercice de l’État (2011) et Un peuple et son roi (2018). Le réalisateur, bien aidé par la photographie de Nicolas Loir qui reprend souvent les clair-obscurs du maître néerlandais, creuse son sillon singulier et élégant. L’apparition solennelle mais étonnamment légère de centrales nucléaires à l’horizon, ou une incursion dans une réalité virtuelle aux allures de voyage sur Mars, impriment durablement la rétine.

Rembrandt de Pierre Schoeller (Zinc Films, 1h47), sortie le 24 septembre