« Moon » de Kurdwin Ayub : MMA et paranoïa

Entre les murs d’une villa jordanienne vibrant de non-dits et de silences intranquilles, ce thriller d’intérieur, qui prend les codes virilistes du MMA à rebours, dresse un tableau déroutant et complexe des souffrances féminines.


Moon
© ASC

Combattante professionnelle fraîchement retraitée à Vienne, alors qu’elle bascule du mauvais côté de la trentaine sans argent ni véritable foyer, Sarah (Florentina Holzinger, à l’opacité magnétique) accepte un travail comme tombé du ciel : partir en Jordanie pour le compte d’un client richissime et affable, qui lui propose d’assurer l’initiation au MMA de ses trois sœurs cadettes.

Emploi du temps allégé, frais d’hôtel de luxe pris en charge, élèves polies au profil de sportives, l’affaire tombe à pic, mais un vent de paranoïa se lève soudain. L’accès interdit à certaines pièces de la villa, l’hostilité du garde et la réputation de cette famille auprès du personnel de l’hôtel laissent à croire que l’atmosphère n’est pas saine…

Deuxième long métrage de la cinéaste autrichienne Kurdwin Ayub, née en Irak en 1990, Moon atteste d’un art du contre-pied à la fois précis et intense, questionnant autant nos attentes en matière de spectacle que nos représentations culturelles.

Avec son économie de moyens qui favorise la vitalité du hors-champ, son ensemble de frontières symboliques (écrans de téléphone, langue étrangère) et tangibles (portes closes, ellipses inquiétantes), ce quasi-huis clos se déploie comme un jeu de regards et de mystères près de jeunes femmes entravées, isolées chacune à sa façon, mais toutes victimes de la folie des pères, des frères et des bourreaux grimés en vieux sages.

Moon de Kurdwin Ayub, ASC (1 h 32), sortie le 16 juillet