
Ça commence par une rencontre en forme d’évidence. Très vite, Maria et Sigmund s’aiment, se désirent, se projettent. Après ce prologue en forme de conte de fées moderne, Loveable bondit quelques années plus loin pour se muer en radiographie d’un quotidien frustrant.
Le couple flamboyant n’est plus qu’un vieux souvenir : devenue mère au foyer malgré elle (quatre enfants à gérer, dont deux d’une précédente union), Maria voit s’envoler ses aspirations professionnelles et ses rêves de famille idéale. Anatomie d’une séparation inéluctable, Loveable séduit par la précision de son trait. Pile de linge à plier ou divergences de fond, tout finit par mettre le feu aux poudres – et, à ce petit jeu, c’est avant tout Maria qui trinque. Ses accès de colère, symboles de sa frustration permanente, lui sont reprochés, tandis que Sigmund, qui prend la tangente à la moindre occasion, a pourtant le sentiment d’être celui qui étouffe.
Quelque part entre Joachim Trier et Ingmar Bergman, la réalisatrice Lilja Ingolfsdottir signe une œuvre implacable mais paradoxalement lumineuse, portée par des fulgurances d’écriture et de mise en scène. Son travail sur la temporalité fait particulièrement mouche : y a-t-il plus terrible que de comprendre que les raisons de la rupture étaient là depuis le début ?
Loveable de Lilja Ingolfsdottir, 1 h 41, Jour2Fête Distribution, en salles le 18 juin