« Happyend » : Neo Sora signe une dystopie lycéenne alerte et sensible

Avec son premier long métrage de fiction, Neo Sora, fils du grand compositeur Ryuichi Sakamoto, raconte un Japon futuriste flippé et flippant à travers la relation deux meilleurs copains lycéens.


Happyend de Neo Sora
Happyend de Neo Sora

Quand 1984 rencontre Supergrave, ça donne Happyend. Dans un futur proche, deux lycéens tokyoïtes, Yuta et Kou, sont inséparables. Toujours prêts à faire les quatre cents coups avec leurs copains, ils défient l’autorité juste pour le principe, évitant de peu la sanction. Sauf qu’un jour, c’est la fois de trop. Lorsqu’ils s’en prennent à la voiture du proviseur, ce dernier installe une IA de surveillance dans l’école qui épie les faits et gestes des étudiants et leurs retire des points à la moindre incartade.

Dans ce climat de suspicion permanente, les caractères se révèlent. Tiraillés entre l’indifférence et la révolte, les deux amis s’éloignent peu à peu. Avec ce premier long métrage de fiction, après Ryūichi Sakamoto : Opus (2025), documentaire sur son père récemment disparu (derrière les les musiques de Furyo ou Le Dernier Empereu), Neo Sora propose une oeuvre dense où se croisent la fin de l’adolescence et le portrait angoissé d’un futur au bord du totalitarisme.

Très au fait de son temps, le jeune cinéaste pointe du doigt les réflexes conformistes et la passivité globalisée. Il en profite aussi pour tacler son pays sur son racisme latent, et son passé colonialiste mal digéré, en choisissant notamment un Zainichi – soit un descendant des migrants coréens arrivés au Japon pendant la période coloniale, entre 1910 et 1945 – pour héros. Cependant, en racontant cette histoire par le prisme de l’amitié et de la jeunesse, Neo Sora évite le pensum et nous permet de croire que les lendemains gris auront le droit aussi à leurs éclaircies. 

Happyend de Neo Sora (Eurozoom, 1h53), sortie le 1er octobre