
« Devant moi, c’est comme s’il y avait une porte blindée. » Le visage de cet élève de troisième qui parle face caméra porte encore les rondeurs de l’enfance. Il s’attarde sur son avenir, ses ambitions. Revues à la baisse, les ambitions. Ce qu’il voulait faire, c’était journaliste, être « sur les plateaux » ou « en régie ». Finalement, il vise plutôt un bac pro, puis un BTS banque.
Comme bon nombre de ses camarades du collège Georges-Clemenceau, dans le quartier parisien défavorisé de la Goutte d’or, ses rêves se sont fracassés contre la porte blindée. Château rouge rappelle à quel point il est difficile de choisir ce que sera son existence à 14 ou 15 ans, quand on ne sait même pas qui on est. D’autant plus difficile quand les possibles sont rétrécis par les déterminismes. D’autant plus encore dans un système à bout de souffle, qui ne tient que sur la bonne volonté des éléments les plus opiniâtres.
Enseignants, conseillère d’orientation, psychologue… tous s’échinent devant la caméra d’Hélène Milano, se démultiplient, apportent de la lumière sans angélisme. C’est d’ailleurs ce délicat équilibre qui caractérise le documentaire, comme lors d’une géniale scène de danse face caméra. Drôle et émouvante parenthèse, comme une petite prise de liberté avant de se retrouver, une nouvelle fois, face à une porte blindée.
Chateau rouge d’Hélène Milano (Dean Medias, 1 h 47), sortie le 22 janvier