« Confidente » de Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci : mécanique de la misogynie

En épousant habilement les codes du thriller psychologique, le duo de cinéastes franco-turc Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti (Sibel, Noor) signe un huis clos tendu, dénonçant les violences masculines.


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"Confidente" (c) Pyramide Distribution

Sur un fond noir d’abord, la voix chaleureuse d’Arzu se fait entendre. En 1999, à Ankara, capitale de la Turquie située à 500 km d’Istanbul, la jeune femme est opératrice téléphonique dans un centre érotique. Harcelée par son patron et récemment séparée, elle doit garder son activité professionnelle secrète pour espérer obtenir la garde de son fils. Déjà pesant, son quotidien est alors percuté par une catastrophe : un séisme violent frappe Istanbul, et, au bout de la ligne d’Arzu, un ado coincé sous les décombres qui la supplie de lui venir en aide…

Après Sibel (2019), long métrage sensible centré sur une héroïne muette, Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti optent pour une forme filmique aussi ludique qu’anxiogène. À l’aide de gros plans maîtrisés, d’une mise en scène vertigineuse et d’un travail sur le son impressionnant, les cinéastes tissent un thriller labyrinthique truffé de rebondissements et infusé d’un propos politique limpide. Dans Confidente, les masques tombent, faisant éclater au grand jour la corruption, la misogynie et l’hypocrisie qui gangrènent la société.

Lors d’une séquence clé, le duo offre à leur héroïne marginalisée (Saadet Işıl Aksoy, intense) une prise de parole libre et puissante, ouvrant la voie vers une société plus douce et plus juste, clôturant alors ce film aux accents sombres sur une touche de lumière bienvenue.

Confidente de Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci, Pyramide (1 h 16), sortie le 6 août