
Dans La Nuit américaine de François Truffaut (1973), Nathalie Baye tient son premier rôle crédité, celui d’une scripte débordée par les drames et les caprices d’acteurs sur un tournage houleux. Derrière ses grandes lunettes, on la reconnaît à peine, mais le film lancera sa carrière : chez Maurice Pialat puis Bertrand Tavernier, Tonie Marshall et Claire Simon, elle incarne tour à tour des femmes esseulées mais libres (), des bourgeoises prises au piège des apparences ( de ), des clientes d’escort-boy en mal de tendresse (Cliente de ).
La filmographie de l’actrice n’a d’autre fil rouge que celui de l’éclectisme, même si, sous la diversité des visages qu’elle a adoptés, on décèle un goût pour les personnages un peu boiteux, écorchés ou marginalisés pour le mode de vie anticonformiste. Avant de la retrouver bientôt dans les nouveaux projets de Sylvie Ohayon (Haute couture) et Guillaume Canet (Lui), ainsi que dans (actuellement en salles) de Nicolas Maury, Arte lui consacre un cycle de quatre films.
Rendez-vous du 16 au 30 juin, pour une programmation spéciale où l’on pourra revoir de Claude Chabrol. Dans ce cluedo politique et familial grinçant, l’actrice interprète une mère de famille ambitieuse, candidate aux élections municipales dont le succès risque d’être terni par la révélation d’un secret. Dans ce petit théâtre du mensonge, Nathalie Baye règne en manipulatrice implacable. On poursuit avec Juste la fin du monde, huis clos étouffant où offrait à la comédienne le rôle d’une mère intrusive, touchante autant qu’irritante, dont le visage inquiet était de tous les plans.
Au programme également : La Chambre verte de , sur un homme (interprété par le réalisateur lui-même) obsédé par les morts, et qui refuse l’oubli, quelques années après la Première Guerre mondiale. Cette folie morbide l’a coupé du monde des vivants, auquel il est encore fébrilement relié par sa relation avec Cecilia (Nathalie Baye), jeune femme solaire en deuil de son amant. Enfin, il ne faudra pas manquer Le Petit lieutenant de Xavier Beauvois, polar nerveux et naturaliste dans lequel Nathalie Baye interprète une flic taciturne, ex-alcoolique hantée par un drame familial.
Image : La Fleur du mal (c) Mk2 Diffusion