Le film s’ouvre sur des plans aériens montrant la beauté des paysages entourant le fleuve Congo. Bien vite pourtant, une voix off vient y déposer un voile sombre. C’est celle de Thierry Michel, qui consacre depuis une trentaine d’années des docus (Congo River, 2006 ; L’Affaire Chebeya, 2012) à l’histoire de la RDC, meurtrie par l’exploitation minière, la corruption de ses dirigeants, la chasse des Tutsi venus s’exiler sur ces terres à la suite du génocide au Rwanda, en 1994.
Cette spirale de violences, qui a fait des centaines de milliers, voire des millions de victimes, est synthétisée par un montage limpide, enrichi d’une flopée de témoignages. Ceux de survivants, dont une femme à qui l’administration demande, dans une scène bouleversante, de cesser de pleurer sous peine de ne plus être écoutée.
Ou encore celui du docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018 – Thierry Michel l’avait suivi en 2015 dans L’Homme qui répare les femmes. N’épargnant personne, le réalisateur pointe le silence coupable de grandes institutions telles que l’ONU et nous met face à des images d’une violence presque insoutenable. À l’arrivée, la criante nécessité du film ne fait aucun doute.
L’Empire du silence de Thierry Michel, JHR Films (1 h 50), sortie le 16 mars.
Affiche © JHR Films