CANNES 2024  · Miguel Gomes : « Qu’est-ce qu’il manque à la fiction ? C’est le monde. Mais je crois que le monde a aussi besoin de la fiction. »

« Grand Tour », le sixième long du réalisateur portugais, nous emmène à Rangoun, en Birmanie, sur les traces d’Edward (Gonçalo Waddington), fonctionnaire de l’Empire britannique, fuyant Molly (Crista Alfaiate), sa fiancée qui se lance à ses trousses. On a posé trois questions au réalisateur sur son film en forme d’échappée grandiose à travers l’Asie, mix d’images documentaires d’aujourd’hui et d’une fiction tournée en studio, se déroulant dans les années 1910.


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Le film représente une fuite pour Edward et une quête pour Molly. Pour vous, ce Grand tour, c’est quoi ?

Ce sont des personnages de fiction en collision avec le monde. C’est le mouvement, notamment celui des spectateurs – j’aimerais qu’ils fantasment les personnages lorsqu’ils sont absents. 

 

Au Japon, un personnage conseille à Edward de « s’abandonner au monde ». Qu’est-ce que ça veut dire pour vous ?

Qu’est-ce qu’il manque à la fiction ? C’est le monde. Mais je crois que le monde a aussi besoin de la fiction. Je voudrais les faire coexister, les mettre en contact. Filmer des paysages, ou des activités comme des gens qui coupent des arbres dans une forêt de bambous en Chine, ou d’autres qui pêchent. Et que cela prolonge l’état d’âme de mes personnages.

Comment avez-vous fait pour éviter le regard exotisant ?

Avant de faire ce voyage, on a fait des recherches sur les pays qu’on allait traverser. Le premier jour, à Rangun, on est tombés sur une Grande roue sans moteur – c’étaient les gens qui la faisaient tourner, en faisant tout un tas d’acrobaties. Je ne sais pas si c’est exotique ou pas, mais ça m’attirait. Je voulais avoir ce plaisir de filmer. On n’a pas évité l’exotisme de manière consciente, mais je crois que par nature, on n’emprunte pas ce chemin-là.

Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 14 au 25 mai 2024.