
C’est le portrait de Marie, une femme forte, indépendante, et « fière d’être pute ». Militante au STRASS (le syndicat du travail sexuel), cette prostituée strasbourgeoise, superbement interprétée par Laure Calamy, se bat pour ses droits et nous rappelle qu’en France les travailleurs et travailleuses du sexe à leur compte paient des impôts mais ne bénéficient pas de droits sociaux.
Au-delà de ces enjeux engagés, Une femme du monde s’intéresse surtout au quotidien d’une mère courage prête à tout pour tirer vers le haut son fils, Adrien, 17 ans, en pleine crise d’adolescence – incarné tout en colère retenue par le jeune Nissim Renard, une révélation. Lorsque celui-ci est admis dans une grande école hôtelière, l’objectif de Marie est de réunir les cinq mille euros nécessaires à son inscription…
À travers ce canevas, c’est la lutte contre les déterminismes sociaux qui est en jeu. Contre les inégalités crasses aussi. Avec son scénario tout en aspérités, son réalisme parfois cru appuyé par la magnifique photographie de Noé Bach, Une femme du monde dessine une trajectoire de vie plus universelle qu’elle n’y paraît dans un monde où le travail et l’argent broient les corps.
Une femme du monde de Cécile Ducrocq, Tandem (1 h 35), sortie le 8 décembre
Image (c) Tandem Films