« Ce que cette nature te dit » de Hong Sang-soo : une étude de moeurs douce-amère

Hong Sang-soo livre un film en huit mouvements qui prolonge parfaitement l’audace formelle et l’épure poétique de ses dernières réalisations. Et qui lui a valu sa cinquième nomination à la Berlinale depuis 2020.


ce que cette nature te dit
"Ce que cette nature te dit" (c) Jeonwonsa Film Co.

Donghwa, jeune poète bohème fils d’un homme puissant, rencontre pour la première fois la famille de sa petite amie, Junhee, dans une superbe maison verdoyante aux alentours d’Icheon.

Successivement, le cadre enferme Donghwa au contact du père de Junhee, un sexagénaire doté d’une maîtrise certaine du ton passif-agressif, puis de la sœur de Junhee, une jeune femme placide. Seuls de rares procédés de mise en scène viennent briser les contours de ce piège, comme ce zoom arrière libérateur qui survient alors que le père quitte le cadre, suivi d’un zoom avant écrasant à son retour. Pour le dîner, la mère de Junhee, une poétesse indiscrète, fait son apparition. Prisonnier de cet étau familial, Donghwa se tourne vers le makgeolli (un alcool de riz) qui, comme souvent chez Sang-soo, va venir balayer la délicate politesse des conventions coréennes.

Que ce soit la surexposition héritée de Juste sous vos yeux (2022), qui apporte ici un vert éclatant au jardin familial, ou le flou d’In Water (2024), ce nouveau film prolonge les expérimentations formelles d’un des plus grands cinéastes en activité. Ces nouveaux dispositifs couplés aux méthodes de création habituelles du Coréen – écrire à l’aube les dialogues de ce qu’il tourne le jour même – mettent en place un présent d’une grande douceur, poétique et vraisemblable.

Ce que cette nature te dit de Hong Sang-soo, sortie le 29 octobre, Arizona (1 h 48)