CANNES 2025 · « Once Upon a Time in Gaza » d’Arab et Tarzan Nasser : un conte fraternel touchant

En 2007, dans la bande de Gaza, deux hommes créent un business de drogue pour s’échapper du réel. Les jumeaux Nasser, nés à Gaza, prolongent avec ce film présenté à Un Certain Regard un geste de cinéma politique fort, mais jamais à charge, où l’humour et le détour l’emportent.


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Once upon a time in Gaza (c) Dulac

Dans Dégradé, sélectionné à la Semaine de la critique en 2015, les réalisateurs Palestiniens Arab et Tarzan Nasser filmaient le microcosme d’un salon de coiffure, où des dames hautes en couleur venaient se faire les ongles pour oublier les fracas du conflit israélo-palestinien dehors. Regarder la grande histoire par le petit bout de la lorgnette, observer les conflits fratricides par le trou de la serrure, dans des alcôves intimes, c’est aussi le projet de leur nouveau long-métrage, conte philosophique sur une jolie amitié masculine. Ici, les réalisateurs prennent pour décor une échoppe de falafels. C’est ici que Yahya, étudiant fantasque, rencontre Osama, dealer charmant et généreux aux airs de gourou. Ensemble, ils trouvent le business idéal : cacher dans leurs sandwichs des cachetons. Jusqu’au jour où, dans une séquence digne de Michael Mann, Osama se fait assassiner sur le comptoir, happant Yahya dans une soif de vengeance.

Sur le papier, le pitch a tout du drame naturaliste. On est en 2007, les guerres intestines entre partisans du Hamas et factions diverses battent leur plein. Mais elles sont maintenues à distance, à la lisière du cadre, flottent comme une menace dont on ne dit pas le nom. Plutôt que de nommer frontalement cette réalité géopolitique, les réalisateurs prennent le chemin d’un onirisme sobre : le restaurant de falafels devient une scène de théâtre où éclot lentement l’amitié entre les héros, au fil de discussions filmées avec des mouvements de caméra amples.

Soudain, le film prend le virage du buddy-movie, puis du western urbain, jouant avec des codes hollywoodiens qu’il affectionne mais maintient à distance. C’est que Yahya – qui deviendra acteur dans des films de propagande – et Osama n’ont pas la légèreté des gangsters. Jamais doloriste, sur la corde raide entre humour grinçant et lyrisme, Once Upon a Time in Gaza trouve sa propre voie pour parler de l’amitié comme moyen de survie.

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