Cannes 2025 : les 5 moments forts de la cérémonie d’ouverture

Dédiée à l’actrice Emilie Dequenne, disparue cette année, et animée par Laurent Lafitte, la cérémonie d’ouverture du 78e Festival de Cannes 2025 a eu lieu ce mardi 13 mai à 19h dans la mythique salle du Grand Théâtre Lumière. Retour sur 5 moments forts.


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Mylène Farmer

Mylène Farmer célèbre David Lynch, dont elle était proche, avec un titre onirique et inédit

Mylène en guest star, on peut dire que c’était l’événement de la soirée – surtout que la chanteuse sélectionne soigneusement ses apparitions publiques depuis quelques années. Sur scène, dans une robe mi-gothique mi-glam, l’interprète la plus camp de France a rendu hommage à David Lynch, disparu en janvier 2025, avec un titre inédit. « Te chercher sans cesse, dans le ciel trouver l’amour. Moi je veux des vagues, qui submergent mon âme. Partout, partout, c’est fou. Je te sens près de moi » : cette déclaration d’amour amicale vaporeuse portée par un piano-voix magnétique a envoûté la salle du grand auditorium. Juliette Armanet a versé une larme, nous aussi. Surtout lorsque la splendide séquence de danse entre Nicolas Cage et Laura Dern dans le désert en voiture de Sailor et Lula, Palme d’or en 1990, est projetée.

Juliette Binoche rend hommage à la photojournaliste FatIma HAssOuna

La présidente du Jury, Juliette Binoche, a rendu un hommage sobre et solennel à la photoreporter palestinienne, héroïne du documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk de l’Iranienne Sepideh Farsi, présenté à l’ACID le 15 mai, qui a été tuée le tuée le 16 avril dans la bande de Gaza par une frappe israélienne. « Les artistes ont la possibilité de témoigner pour les autres. Les démons de nos barbaries ne nous laissent aucun répit » a déclaré Juliette Binoche. Citant les mots de la réalisatrice disparue (citant la photographe disparue : “La balle du tireur m’a traversée et je suis devenue un ange”), l’actrice a alerté sur la situation à Gaza.

Le maître de cérémonie Laurent Lafitte rend hommage aux acteurs engagés

Plus grave que d’accoutumée (il a cité Nietzsche, le bingo philo est rempli) le comédien a mis en lumière le courage des acteurs, dont la prise de parole politique et engagée est souvent invisibilisée, voire condamnée. « Le grand drame de l’acteur, c’est qu’il est remplaçable. En parlant, l’acteur réduit ce qu’il peut jouer à ce qu’il est (…) La prise de parole est souvent sacrificielle pour un acteur. » Et de citer Isabelle Adjani récitant aux César les Versets sataniques de Salman Rushdie en 1989, mais aussi Adèle Haenel qui quitte la salle des César lorsque Roman Polanski remporte la statuette du meilleur réalisateur en 2020. Enfin, c’est à Volodymyr Zelensky, « un acteur devenu chef de guerre », que Laurent Lafitte a déclaré son admiration – avant d’être Président de l’Ukraine, ce dernier était la star de la sitcom Serviteur du peuple, dans laquelle il campait… un président de la République.

Robert De Niro reçoit une Palme d’or d’honneur

Et pas des mains de n’importe qui. Leonardo DiCaprio himself, qui a rencontré De Niro sur le tournage de Blessures secrètes (1993) de Michael Caton-Jone, est un fanboy de Robert, on s’en doutait. « Il n’était pas un grand acteur, il était ‘l’acteur' ». Robert De Niro a ensuite livré la tribune la plus engagée de la soirée, dénonçant ouvertement les décisions « inacceptables » et les dérives de l’administration de Donald Trump, et célébrant l’art inclusif, diverisifié. « Nous ne pouvons pas juste regarder assis, comme dans un film. Nous devons agir et agir maintenant. (…) Le temps est venu, pour tous les gens qui tiennent à la liberté, de s’organiser, de protester. (…) Ce soir et pour les onze jours qui viennent. » Avant de finir en beauté sur la devise républicaine : « Nous allons montrer notre force et notre engagement en célébrant l’art dans ce festival glorieux : liberté, égalité, fraternité. » Il nous faut un Robert De Niro national.

Quentin Tarantino déclare (avec fracas) la 78 édition du Festival de Cannes officiellement ouverte 

Quentin Tarantino (lauréat de la Palme d’or pour Pulp Fiction en 1994) ne réalisera peut-être pas de dixième film (mais cette retraite anticipée, on y croit moyen), mais il était bien présent pour déclarer, en trombe et avec le sens du spectaculaire qu’on lui connaît, cette édition. Complètement euphorique et survolté, le réalisateur a quitté la scène en lâchant son micro par terre. Quentin Tarantino n’a pas fait le trajet pour si peu : il doit animer deux discussions autour des westerns de George Sherman, présentés à Cannes Classic cette année.

Retrouvez tous nos articles sur le 78e Festival de Cannes, qui se tient du 13 au 24 mai.