
LES GOLDEN GLOBES, UNE AFFAIRE DE FAMILLE
Sa victoire lors de la 82e cérémonie des Golden Globes n’a laissée personne indifférent, et pour cause, elle est la première Brésilienne à empocher ce prix. Elle a même piquée la vedette à Nicole Kidman, Kate Winslet, Tilda Swinton, Angelina Jolie et Pamela Anderson. Dans le film de Walter Salles, Je suis toujours là, l’actrice de 59 ans interprète la mère des Paiva, une famille brésilienne prise dans la tourmente de la dictature militaire en place dans le pays durant les années 1970. Alors que son mari, ex député travailliste, est arrêté, torturé puis tué par les forces militaires, Eunice va se lancer à corps perdu dans un combat politique et judiciaire pour découvrir la vérité.
Un rôle déchirant et une interprétation bouleversante récompensée par la fameuse statuette dorée. Le prix résonne de façon intime pour Fernanda Torres puisque sa mère, Fernanda Montenegro, célèbre comédienne brésilienne, avait elle-même été nommée dans cette catégorie 26 ans plus tôt, en 1999, pour son rôle dans Central do Brasil de Walter Salles également.
« C’était une reconnaissance non seulement pour moi, mais aussi pour le Brésil. D’abord, ma mère avec Central do Brasil et maintenant moi ? C’est une récompense patriotique. Elle montre au monde le talent de notre pays. » reconnait l’actrice concernant sa victoire, d’après des propos rapportés par Variety.
Une affaire de famille donc – et de prénom – pour un métier-passion venue de sa mère, mais également de son père, Fernando Torres, acteur lui aussi, qui lui insuffla l’amour du théâtre, où elle débute à l’âge de 13 ans.
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UN PRIX D’INTERPRÉTATION À CANNES
À 19 ans à peine, Fernanda Torres remporte le Prix d’interprétation féminine à Cannes pour son interprétation dans le film d’Arnaldo Jabor, Parle-moi d’amour, un drame proche de l’histoire de Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman, sur la relation compliquée d’un couple en apparence ordinaire. Une partition qui lui vaut d’être remarquée sur la scène internationale, après des débuts au Brésil, notamment chez Walter Salles, alors que le cinéma brésilien, au lendemain de la fin de la dictature, est en pleine révolution.

UNE COLLABORATRICE RÉCURENTE DE WALTER SALLES
Entre Fernanda Torres, sa mère et le réalisateur Walter Salles, c’est une grande histoire d’amitié. Réunies à l’écran dans Je suis toujours là, la mère et la fille retrouve un terrain de jeu connu et un cinéaste, ami de longue date avec qui elles avaient toutes les deux tournés par le passé. La mère dans Central do Brasil, Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1999 et qui vaut à Fernanda Montenegro l’Ours d’argent de la meilleure actrice. La fille dans le très beau Terre Lointaine (1995), dans lequel Salles raconte la fuite en avant d’un jeune brésilien qui rêve de devenir acteur et la rencontre avec la merveilleuse Alex à laquelle Fernanda Torres prête ses traits.
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UN MONUMENT NATIONAL AU BRÉSIL
« L’Amérique a Taylor Swift, mais le Brésil a Fernanda Torres », plaisante un internaute en ligne à propos de l’actrice. Et il n’a pas vraiment tort. Décrite comme la « Nicole Kidman du Brésil », au même titre que sa mère, à son époque, était comparée à Jeanne Moreau, Fernanda Torres est de tous les fronts dans le pays qui l’a vu grandir. Actrice de cinéma de premier plan chez Salles, elle est également la star de la sitcom Slaps & Kisses, grâce à laquelle elle a attiré des fans plus jeunes qui s’amusent à détourner ses apparitions dans la série dans des mèmes qui inondent la toile brésilienne.

« Le Brésil est une machine puissante sur Internet », explique l’actrice à Variety. « Il y a dix ans, je ne voulais pas être en ligne. Mais mon agent m’a dit que c’était important pour mon travail au théâtre, alors nous avons construit ma présence sur Internet autour de cela. Aujourd’hui, après les Golden Globes, elle a explosé. C’est surréaliste. »
UNE ACTRICE ÉGALEMENT ROMANCIÈRE
Parallèlement au métier de comédienne de théatre et de cinéma, Fernanda Torres s’est lancé il y a plus de 10 ans dans une autre aventure : celle de l’écriture. Et si elle n’a pas encore touché au scénario, l’actrice s’est illustrée en tant que journaliste et chroniqueuse pour des magazines brésiliens tel que Veija-Rio, et a publié en 2013 son premier roman, Fin, l’histoire de cinq amis de longue date qui vivent ensemble l’âge d’or de Copacabana.
Véritable succès, le livre, traduit en sept langues, se vend à plus de 200 000 exemplaires à l’international et est même adapté en série télévisé. Un extraordinaire succès littéraire, qui se poursuit en 2021 avec la publication de Shakespeare à Rio et qui fait de la nouvelle actrice préférée d’Hollywood un talent brut à suivre de près, de la page à l’écran.
