
Aurions-nous regardé ce documentaire de la même façon si Fatima Hassouna, la photographe palestinienne qui y apparaît, n’avait pas péri sous les bombes quelques semaines avant sa présentation ? Difficile de le savoir tant le film de Sepideh Farsi est déjà traversé par la mort.
Pendant 1h50, l’image de cette jeune femme paraît d’une telle incongruité qu’elle semble vouée à disparaître. Il y a cet improbable sourire en racontant les massacres et la famine orchestrée par le gouvernement israélien à Gaza. Mais aussi les mots au sens tordu par la nécessité : un « ça va très bien » résume une journée sans repas – mais sans mort non plus, donc cela ne va pas si mal. Fatima Hassouna est d’une telle présence qu’elle fait oublier le dispositif très contraint du film, celui d’un iPhone filmant une conversation vidéo sur un autre écran.
Cette distanciation forcée a des effets positifs insoupçonnés, rappelant que Gaza est un territoire inaccessible et faisant de chaque pas de côté un miracle. Les photos de Fatima Hassouna dans les ruines sont des pauses magnifiques et terrifiantes à la fois. Et le documentaire n’est jamais aussi glaçant que lorsqu’il affiche un écran noir sur les enregistrements du sifflement des bombes.
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