« Dangerous Animals » de Sean Byrne : monstrueuse humanité

Dans ce qui a tout du survival de l’été, Sean Byrne frappe fort en mélangeant l’angoisse des requins et la folie d’un tueur en série. Sous le soleil australien, il tisse un suspense implacable où une héroïne charismatique lutte pour sa survie.


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Dangerous Animals

Alors que Les Dents de la mer a fêté ses 50 ans en juin, un valeureux héritier du cultissime film de requin de Steven Spielberg débarque cet été dans les salles après un détour par la Quinzaine des cinéastes de Cannes en mai dernier. Troisième film du réalisateur australien Sean Byrne (auteur de The Loved Ones et The Devil’s Candy, inédits au cinéma en France), Dangerous Animals surfe sur la peur associée aux légendaires créatures aquatiques en y injectant des ressorts scénaristiques inédits qui mettent au centre la cruauté et la violence humaines.

Dès son ouverture, ce récit situé sur la Gold Coast du Queensland australien s’emploie à déplacer les attentes à travers une excursion touristique menée par Tucker (Jai Courtney), un pêcheur bourru qui invite un couple à s’immerger dans une cage sous-marine pour observer des requins. Malgré la crainte légitime des deux touristes, les imposants squales vont en fait nager de façon apaisante et pacifique. C’est alors Tucker qui révèle soudain un visage monstrueux et des pulsions sanguinaires basées sur sa fascination morbide pour les requins.

Ce thriller tendu, qui se déroule sous un soleil de plomb, présente ensuite son héroïne : Zephyr (Hassie Harrison), une surfeuse qui tente d’oublier un passé douloureux en parcourant seule à bord de son van le Nord-Est australien. Après avoir rencontré le charmant Moses (Josh Heuston), avec qui elle passe une nuit avant de s’éclipser, la jeune femme tente d’aller surfer, mais se fait kidnapper par Tucker, qui la séquestre sur son bateau. Confrontée aux rituels macabres de ce tueur en série qui orchestre des mises en scène morbides impliquant des requins, Zephyr comprend vite que la seule issue réside dans sa capacité à déjouer, seule, les pièges de son ravisseur…

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The Jokers

L’éclatante réussite de ce survival provient de l’imbrication d’un suspense suffocant et d’un rythme narratif qui laisse exister et respirer les traits de caractère de ses personnages habilement ciselés. La captivité de Zephyr redouble ainsi sa soif d’indépendance et intervient alors qu’elle semblait enfin entrevoir un lien possible avec Moses, lancé à sa recherche. De même, la fallacieuse identification du psychopathe Tucker aux requins, mais aussi au tempérament de Zephyr, se heurte à la résistance de cette courageuse jeune femme qui ne cède pas aux manipulations.

L’aridité des paysages naturels rend les moments d’effroi particulièrement organiques et réalistes. Sans jamais tomber dans la parodie ni l’ironie, Dangerous Animals ose un romantisme au premier degré qui finit par le rendre aussi téméraire et attachant que sa protagoniste.

Dangerous Animals de Sean Byrne (The Jokers Films, 1h33), sortie le 23 juillet