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Trois questions à Mariana Otero pour « Histoire d’un regard »

  • Léa André-Sarreau
  • 2020-01-31

La documentariste Mariana Otero, connue pour ses films sur la dynamique de groupe (Entre nos mains, L’Assemblée), s’est ici enfermée seule, dans l’obscurité d’une chambre noire, pour percer les secrets du regard de Gilles Caron, ce photoreporter de génie disparu en 1970 à l’âge de 30 ans.

 

Comment mettre en mouvement des photographies?

C’était un vrai défi. Il a d’abord fallu que j’ordonne les photos de Gilles Caron pour comprendre son regard, comprendre pourquoi il passait d’une photo à l’autre. Sa manière de se mouvoir dans l’espace est très cinématographique, il y a quelque chose de documentaire dans la place qu’il accordait aux gens. J’ai compris le mouvement dans son travail, et j’ai senti que je pouvais redonner quelque chose de ce mouvement par le cinéma.

—> « Histoire d’un regard » un dialogue intime avec l’oeuvre du photographe Gilles Caron

 

Le montage joue un rôle très important. Comment avez-vous travaillé avec votre monteuse?

Je ne voulais pas quelque chose de systématique, donc chaque reportage est monté différemment. Avec ma monteuse, nous avons beaucoup travaillé sur le rythme des images. Nous nous sommes fixé deux règles : respecter le cadre de Gilles Caron, car c’est son regard ; et ne jamais illustrer une photo par le son. Le film a nécessité un lourd travail sonore, car j’ai voulu lui donner une dimension romanesque sans chercher à reconstituer le réel.

 

Le film traduit bien le lien indéfectible qui vous unit à Gilles Caron. De quelle nature est-il?

J’ai passé six mois à analyser ses photos, j’avais l’impression d’être à ses côtés. Ce n’est pas un lien d’amitié, mais une compréhension, une intimité dans le travail. Quand je parle en voix off, je dis « tu » – je ne me voyais pas dire « il » après tout ce que j’avais vécu avec lui. J’ai d’ailleurs enregistré la voix off pendant le montage. C’est important, parce qu’elle garde quelque chose de l’émotion que j’avais à ce moment-là.

Histoire d’un regard. A la recherche de Gilles Caron de Mariana Otero, Diaphana (1 h 33), sortie le 29 janvier
Image: Copyright Jérôme Prébois, Archipel 33

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