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« The Summer with Carmen » : l’été des zigzags
- Quentin Grosset
- 2024-06-18
Sur les rochers d’une plage gay près d’Athènes, Demos et son meilleur ami, Nikitas, écrivent un film sur l’été au cours duquel le premier a recueilli Carmen, la chienne de son ex. Aussi irrésistible que méta, « The Summer With Carmen » médite sur un cinéma qui préfère les détours aux balises.
C’est l’été, alors on a bien le droit de divaguer, de laisser nos esprits un peu s’égarer. Nus sur leur plage grecque, au milieu d’un ballet d’hommes qui se cherchent, le doux colosse Demos et son ami, le piquant Nikitas, laissent vagabonder leur imagination en vue de réaliser un film.
Les manuels de scénarios voudraient qu’ils adoptent une trame toute tracée, avec un héros à l’objectif clair, qui rencontre des adversaires, des adjuvants, et évolue dans une direction bien délimitée. Sauf que l’intrigue que nos deux artistes ont choisie ne cadre pas tellement avec ce canevas certes efficace mais bien ennuyeux. Leur idée est de revenir sur la rupture de Demos avec son ex, qui lui lègue Carmen, une petite chienne aussi hypersensible qu’imprévisible. Pile électrique, elle emmène le récit où bon lui semble…
Avec ses dialogues drôles et existentiels au bord d’une aire de cruising qui rappellent un peu L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie, The Summer With Carmen nous questionne sur ce que l’on peut attendre d’un bon personnage de film : pourquoi ne pourrait-il pas stagner, hésiter, même végéter ? Et interroge aussi la mission d’un cinéma queer dans sa capacité à réinventer les formes – la bonne nouvelle, c’est que ça peut très bien se faire alangui à poil sur une serviette, à attendre que quelque chose se passe.
The Summer With Carmen de Zacharias Mavroeidis, Épicentre Films (1 h 46), sortie le 19 juin