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« The Batman » : une B.O. habitée par le fantôme de Kurt Cobain

  • Léa André-Sarreau
  • 2022-03-03

Imposant d’entrée la voix du leader de Nirvana, la bande-originale du « Batman » de Matt Reeves, qui navigue entre partitions électro et airs d’opéra, démarre surtout par un hommage au grunge. Et amplifie la sensibilité écorchée de ce super-héros nouvelle génération.

« Sous le pont / La bâche a une fuite / Et les bêtes que j’ai capturées/ Sont toutes devenues mes animaux de compagnie. » La légende dit que ce couplet de Something in the Way aurait été inspiré à Kurt Cobain par ses nuits passées sous le pont de la rivière Wishkah, où il se réfugiait adolescent pour fuir le chaos familial. Quand le timbre éraflé du leader de Nirvana résonne dès les premières minutes du film, alors que Batman traverse en moto un Gotham à l’agonie, le parallèle entre ces deux enfants maudits saute aux yeux. D’un côté l’orphelin, triste milliardaire allergique aux mondanités ; de l’autre un sale gosse du grunge, qui rejoignit le tristement célèbre « Club des 27 » après son suicide en 1994.

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Entre la rock-star et l’ermite, le désespoir et la gloire, il n’y a qu’un pas. C’est ce que semble nous dire l’ouverture musicale romantico-nihiliste de ce Batman, qui file tout du long la métaphore de la marginalité. Comme Kurt Cobain, le Bruce Wayne campé par Robert Pattinson est un animal farouche, réconforté par les ténèbres, mal à l’aise avec sa popularité.

COME AS YOU ARE

En installant cette figure tutélaire de Kurt Cobain dans l’ombre de Batman, Matt Reeves réactive, au sein de l’univers balisé des super-héros, la mythologie torturée des chanteurs grunge des années 1990. Loin de l’image du bad-boy qu’on pu lui prêter d’autres réalisateurs – Christopher Nolan et son très viril Christian Bale -, Bruce Wayne est ici plus proche du look punk des membres d’Alice in Chains.

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Neurasthénique, vampirique – on soupçonne le réalisateur d’avoir glissé un clin d’œil à Twilight, tant il présente Pattinson comme un être de nuit craignant la lumière du jour -, Batman entretient clairement des liens avec ces chanteurs maudits. Une parenté accentuée par l’allure fébrile de Robert Pattinson. Silhouette svelte, un peu adolescente, maquillage noir coulant sur ses yeux et son teint pâle, longs cheveux raides : quand il ne porte pas son costume de sauveur (et de scène) qui le protège du monde, Batman n’a pas grand-chose d’un surhomme.

ADDICTION

Dans une interview à Esquire, Matt Reeves revendique cette référence à Kurt Cobain, invoquant également le Last Days de Gus Van Sant, film romancé sur les derniers jours en forme de descente aux enfers du chanteur : « Comment faire un Bruce Wayne qui n'avait jamais été vu auparavant ? Je me suis dit : "Et si une tragédie se produisait, et que ce type devenait si reclus qu’on en oublierait son existence ? […] En vérité, c’est une sorte de toxicomane. Sa drogue, c’est son addiction à la pulsion de vengeance. C'est un Batman à la Kurt Cobain »

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