CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • News
  • Article
  • 2 min

SCÈNE CULTE · « Tetsuo » Shinya Tsukamoto

  • Michaël Patin
  • 2023-05-15

Un homme (Tomorowo Taguchi) et une femme (Kei Fujiwara) renversent en voiture un marginal fétichiste du métal, et prennent la fuite. Rapidement, l’homme est victime de mutations physiques terrifiantes : une tige d’acier perce sa joue, des tuyaux sortent de ses pieds… Sommet fou furieux du cinéma cyberpunk japonais, Tetsuo est de retour en salles (avec trois autres sommets de Tsukamoto, Tetsuo. Boddy Hammer, Tokyo Fist et Bullet Ballet), pour le pire donc pour le meilleur.

LA SCÈNE

L’homme : « Ne me quitte jamais… tu m’entends ? »

Tout à coup, il est projeté en arrière et tombe au sol. Un sifflement se fait entendre.

La femme : « Que se passe-t-il ? »

Une sorte de foreuse électrique, rouillée et terrifiante, transperce la table. C’est le sexe de l’homme qui vient de se transformer.

SCÈNE CULTE : « The Host » de Bong Joon-Ho

Lire l'article

L'ANALYSE DE SCÈNE

« Aussi surréaliste et étrange qu’Eraserhead [de David Lynch, ndlr] et aussi intense qu’un arrachage de dent sans anesthésie », pouvait-on lire dans The Washington Post à la sortie de Tetsuo. Une description pertinente du premier long métrage de Shinya Tsukamoto, expérience extrême tournée en 16 mm et en noir et blanc, dans laquelle la chair et le métal fusionnent sans limite. L’inventivité artisanale de la forme, un mélange d’images live, de vidéo et d’animation en stop motion, est telle qu’elle ne laisse que peu de champ à l’interprétation.

Serait-ce une critique du devenir machinique de l’homme ? Un portrait de Tokyo en monstre industriel détruisant ses habitants ? Il n’est sans doute pas anodin que cette « séquence de repas », qui précipite l’affreuse mutation, suive une scène de sexe avorté. Dans Tetsuo, c’est bien le désir (réprimé) qui est la force créatrice (et dévastatrice) capable de modifier littéralement les corps, de les remodeler à l’image de ses fétiches détraqués (le métal, matière inhumaine par excellence). Sous la science-fiction rageuse gronde aussi un film sensuel qui donne à voir, et surtout à ressentir, l’indicible circulation entre douleur et plaisir. Ça fait du bien là où ça fait mal.

Shinya Tsukamoto [en 4 films], rétrospective (Carlotta), le 17 mai

Shinya Tsukamoto [en 10 films], Coffret Blu-ray (Carlotta), le 16 mai

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur