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Robert Guédiguian rédac chef – LIVRES : les lettres de Rosa Luxemburg et un polar de Michael Connelly
- Sophie Véron
- 2020-05-05
Que lit Robert Guédiguian, notre rédacteur en chef du jour, en temps de confinement ? Entre littérature épistolaire et révolutionnaire et polar américain, voici ses recommandations littéraires.
Rosa, la vie : Lettres de Rosa Luxemburg (Éditions de l’Atelier, 2009)
Le mot de Robert Guédiguian : « Il y a eu un documentaire sur elle, et sur la question ouvrière, sur Arte, en 4x52min. Cette énorme soirée sur cette thématique m’a donné envie de relire ses Lettres de prison. C’est excellent du point de vue de la qualité littéraire. C’est même fascinant de voir que des dirigeants politiques écrivaient aussi bien que ça. Et il y a un amour du monde, des êtres en général, de la réalité… La manière dont elle parle des mésanges ! Elle était en prison, elle avait un petit jardin. C’est cette espèce de chose à laquelle on ne s’attend pas. Rosa Luxemburg, c’est une tribunitienne, une oratrice, une communiste, « Rosa la rouge ». Elle a eu des tas d’histoires d’amour, une vie érotique au plus beau sens du terme, c’est-à-dire du côté de la vie. C’est ça qu’elle défendait aussi en faisant la révolution. »
Fervente militante pacifiste, Rosa Luxemburg a passé l’essentiel de la Première Guerre Mondiale en prison. Depuis sa cellule, elle a entretenu une riche correspondance avec ses amis, dont une soixantaine de lettres ont été sélectionnées et traduites par Anouk Grinberg. Ne pouvant donner libre court à sa réflexion politique en ce lieu, elle trouve une magnifique échappatoire en exaltant la beauté du monde et de la vie.
Elle conserve sur son propre sort un optimisme sans faille, comme en témoignent les projets d’avenir qu’elle fait avec son amie Sonia Liebknecht : « Sonitchka, vous souvenez-vous de ce que nous avons prévu de faire, quand la guerre sera finie ? Un voyage ensemble dans le Sud. Et nous le ferons ! » Elle n’en eut hélas pas le temps : deux mois après l’armistice et sa libération, elle fut assassinée par des soldats allemands.
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Nuit sombre et sacrée, Michael Connelly (Calmann-Lévy, 2020)
Le mot de Robert Guédiguian : « Comme tous les bons romans policiers : on prend le train au début, on n’a plus envie d’en descendre et on finit tard dans la nuit, parce qu’on ne peut pas dormir avant d’avoir fini. Michael Connelly, c’est toujours bien. Je lis des romans policiers par période, quand ça ne va pas. Quand je me dis qu’il faut que le temps passe, parce que je ne suis pas assez occupé, le roman policier est une très bonne solution. J’en ai toujours lu, mais jamais quand je vais bien. »
Harry Bosch, le héros bien connu de Michael Connelly, reprend du service auprès de la nouvelle venue Renée Ballard, inspectrice au LAPD. Les deux personnages sont tout autant inflexibles et se font une haute idée de leur fonction. Ainsi, lorsque Ballard découvre que Bosch a commencé à travailler sur l’assassinat sauvage d’une adolescente, affaire classée sans suite il y a plusieurs années, elle décide contre toutes les règles de l’aider dans son enquête…
Si Robert Guédiguian aime être happé par des romans policiers « quand ça ne va pas », on espère que vous serez aussi captivé que d’habitude par l’art que met Michael Connelly dans ses descriptions d’enquêteurs mal-aimables mais intègres, qui n’ont pas d’autres buts que d’apporter vérité et justice là où on préférerait les oublier.
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