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« Retour à Séoul » de Davy Chou : en quête d'identité

  • Quentin Grosset
  • 2022-05-22

Davy Chou explore le thème de l’adoption internationale en suivant sur huit ans Freddie, Française née à Séoul qui prend contact avec ses parents biologiques. Après avoir filmé au Cambodge d’autres quêtes des origines (Diamond Island, Le Sommeil d’or), le cinéaste se délocalise en Corée du Sud et galvanise avec ce portrait profond et éclatant d’une héroïne indocile, en constante réinvention.

Elle le dit à un moment dans le film, Freddie (magnétique Park Ji-Min) est capable d’effacer une histoire d’amour en un claquement de doigts. C’est un personnage imprévisible, sans attache, elle nous prend de vitesse car c’est comme si elle passait tout le film à bousculer son propre récit. Dans ce nouveau long métrage de Davy Chou, qui s’est inspirée d’une amie qui a un parcours proche de celui de l’héroïne, il est question d’identité, de se chercher, et cette instabilité constante était peut-être la façon la plus belle et sensible d’aborder le sujet.

Ji-Min Park, envoutante révélation de « Retour à Séoul »

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Freddie débarque en Corée du Sud de manière impulsive, sans avoir prévu ses parents adoptifs. Mais au départ, elle n’est pas là pour renouer avec ses origines, elle s’en défend même devant les gens qu’elle rencontre, il n’y a pas de raison pour ce voyage et elle s’en porte très bien. Petit à petit, l’occasion de contacter de joindre ses parents biologiques va se présenter à elle, et elle va quand même saisir cette perche – pourquoi se priver d’une nouvelle aventure ?

À partir de là, Davy Chou va la suivre pendant huit ans à Séoul, à trois différentes périodes, avec cette croyance que le cinéma, c’est aussi pour faire éprouver ce temps qui passe – il le fait avec beaucoup d’ampleur. Après leur rencontre, la relation de Freddie avec sa famille biologique varie de manière heurtée, discontinue. On n’attend pas de résolution, de pacification, l’émotion procurée par le film tient même à cet inachèvement, ce côté décousu et suspendu de la communication entre elle et eux.

Le cinéaste nous fait ressentir ces tâtonnements en filmant l’électricité de la ville, ses coins traditionnels, sa fougue underground, épousant par la mise en scène la manière qu’a Freddie a de s’y immerger. Car la jeune femme sait s’emparer de son environnement pour le remodeler à sa guise - scènes fascinantes où tous les regards sont soudain posés sur elle parce qu’elle décide de faire basculer l’énergie d’une pièce, un restau où elle invite tous les clients à sa table, un bar où elle danse comme une furieuse. Ce qui semble passionner Davy Chou, et nous avec, c’est alors ce qu’on fait de nos origines et de notre histoire, comment on leur échappe, on les refaçonne, on les refantasme – comment en fait on peut aller au-devant.

Images (c) Copyright Films du Losange

Retour à Séoul de Davy Chou, Les Films du Losange (1 h 59), sortie le 25 janvier

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