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RÈGLE DE TROIS · Elisabeth Lebovici : « La scène de boîte de nuit dans ‘‘The Killing of Sister George’’ est un bijou »
- Marie-Manon Poret
- 2023-03-15
[Questionnaire cinéphile.] Critique d'art, journaliste et militante féministe et queer, Elisabeth Lebovici a plus d'une corde à son arc. Son passionnant livre « Ce que le sida m’a fait. Art et activisme à la fin du XXe siècle » a inspiré l'exposition « Exposé.es » qui occupe actuellement le Palais de Tokyo, et fait le lien entre pratiques artistiques, militantisme et lutte contre la maladie autour de l'épidémie du sida. L'intellectuelle punk a repondu à notre questionnaire cinéphile par mails, et le résultat n'en est que plus poétique.
PORTFOLIO : Elisabeth Lebovici, je et nous
Lire l'article3 personnages de fiction auxquels vous vous êtes déjà identifiée ?
C’est bizarre, j’ai cherché, cherché, cherché… Je crois que je n’y arrive plus. Reste peut–être le buffle Sarchiapone dans Bella y Perduta de Pietro Marcello.
3 films qui ont construit votre regard ?
Jeanne Dielman 23 quai du Commerce 1080 Bruxelles
Celine et Julie vont en bateau.
Simone Barbès ou la Vertu
… Une préférence pour les titres longs ?
« Jeanne Dielman » de Chantal Akerman élu meilleur film du monde (et c'est une petite révolution)
Lire l'articleUn film à regarder à 3h du matin, une nuit d’insomnie ?
Shakedown de Leilah Weinraub
3 personnages queer qui échappent aux stéréotypes ?
Ouh !!! j’aurais envie de dire le contraire, et choisir des personnages qui sont tellement stéréotypés qu’on sait tout de suite à quoi s’en tenir. Edwige Feuillère/ Mademoiselle Julie dans Olivia ; Sister George (Beryl Reid) dans The Killing of Sister George, film homophobe s’il en est, mais qui contient un bijou, la scène de boîte de nuit, qui a été tournée dans une réelle boîte de nuit lesbienne de Londres. Delphine Seyrig, la Fée dans Peau d’Âne.
Jean-Marc Lalanne : « La féminité de Delphine Seyrig est celle d’une drag-queen »
Lire l'entretien3 films qui traitent du sida et qui vous ont particulièrement marquée ?
Once More (encore) de Paul Vecchiali.
Fast Trip Long Drop de Gregg Bordowitz
Blue de Derek Jarman.
Et une mention hyper-spéciale au film de Lionel Soukaz et Stéphane Gérard, Artistes en Zone Troublés, actuellement dans Exposé·es, l’exposition du Palais de Tokyo, en compagnie des deux artistes précédents.
Exposé.es au Palais de Tokyo : art, activisme et SIDA
Lire l'article3 scènes que vous auriez aimé vivre ?
Dans Je, Tu, Il, Elle, le personnage de Chantal arrive chez son amante, elle se casse royalement la figure.
La gigantesque partouze de Shortbus.
Et dans le genre scène de cul, l’intégralité de Dyketactics de Barbara Hammer (aussi présente dans Exposé·es)
[MOTS CROISÉS] John Cameron Mitchell : « J’ai voulu explorer le côté punk de la queerness. »
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Tout le cinéma de Jack Smith
Loosing ground de Kathleen Collins
Oublier Cheyenne de Valérie Minetto.
3 activistes qui mériteraient d’avoir leurs propres biopics ?
J’allais dire Paul B. Preciado… Mais il l’a fait, son biopic, sous les traits d’un Orlando (titre : Orlando, ma biographie politique) multiple et partagé par vingt-six personnes non-binaires, de 8 à 70 ans. J’adorerais voir un biopic autour d’Anna Halprin, chorégraphe, danseuse, thérapeute qui a vécu 100 ans, et qui, entre autres activités, a ouvert des ateliers et suscité des méthodes corporelles adressées à des personnes vivant avec le VIH/sida. Et puis, je préfère les biographies cinématographiques de lieux ou d’objets ayant activé des émotions politiques (j’ai adoré celle des archives lesbiennes de New York, par exemple, intitulée The Archivettes).
Paul B. Preciado : « Les Orlandos ont toujours été là mais avant, iels étaient endormis, iels ne pouvaient pas exister »
Lire l'entretienCrédit portrait : MACBA.