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Rakidd interviewé par Adèle, 15 ans

  • Cécile Rosevaigue
  • 2021-10-21

Adèle a interviewé Rakidd (Rachid Sguini), auteur et dessinateur du "Petit Manuel antiraciste pour les enfants (mais pas que !!!)". Il aborde avec humour, par le biais de dessins, de schémas et d’exemples concrets, des sujets comme l’islamophobie, l’antisémitisme, le racisme anti-noir ou anti-asiatique.

Quand et comment as-tu eu l’idée d’écrire ce livre ?

J’ai eu l’idée il y a un an et demi. Je cherchais un livre sur le racisme, et je n’ai rien trouvé qui traite du sujet comme j’aurais aimé qu’on m’en parle quand j’étais petit. C’était toujours un peu basique ou ringard, comme « Jean n’aime pas Mamadou parce qu’il est noir ». Alors qu’il y a plein de sujets à décortiquer sur ce thème.

Pourquoi as-tu choisi de faire un manuel et pas une bande dessinée ?

Un manuel me permettait de ne pas construire toute une histoire autour d’un même personnage et d’aborder plein de facettes du racisme. Si j’avais dû suivre un seul héros, il aurait été difficile de le confronter à du racisme anti-asiatique, anti-noir et à de l’antisémitisme dans la même histoire, ou alors il aurait été l’enfant le plus malchanceux du monde !

Quelle est, selon toi, la leçon la plus importante contre le racisme ?

Être humble. On a tous des réactions racistes, parce qu’on a tous grandi avec des préjugés. Il faut se remettre en question et toujours bien réfléchir pour décons­truire ses a priori. C’est très important, même si ce n’est jamais facile d’arriver à se dire « J’ai tort ».

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Comment peut-on repérer qu’une idée est en fait un stéréotype ?

Premier indice : le stéréotype ne se base sur rien. « Les Japonais travaillent beaucoup », par exemple, c’est une idée qui revient très souvent, alors que, dans les faits, les Japonais ne travaillent pas plus que les Français. Les stéréotypes, ce sont des trucs qu’on fantasme sur les gens.

Est-ce qu’il y a des sujets que tu aurais aimé ajouter dans ton livre ?

Avant de me mettre à l’écriture et au dessin, j’ai établi une liste, et il y avait près de cent cinquante chapitres que je voulais aborder. J’ai dû faire des choix et j’ai privilégié des sujets ou des mots dont les enfants entendent parler mais qu’ils ne comprennent pas véritablement. J’explique, par exemple, ce qu’est un blackface, pourquoi c’est raciste et à quoi cela renvoie dans l’histoire. J’aurais aimé parler davantage des violences policières, des contrôles au faciès, parce que ce sont des choses qui touchent les jeunes d’aujourd’hui et qui me concernent toujours. En tant qu’adulte, je me fais encore contrôler par la police alors que je n’ai jamais rien fait de mal dans ma vie.

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Tu parles de publicité avec les exemples d’Uncle Bens, de Pépito ou de Banania. Est-ce qu’encore aujourd’hui tu as repéré des marques aux publicités racistes ?

Je pense qu’il y en a moins qu’à une époque, mais je trouve qu’il y a encore beaucoup trop de pubs sexistes.

Penses-tu que l’humour peut être une arme contre le racisme ?

Oui, quand il est maîtrisé. C’est toujours plus simple d’apprendre en riant. Si on donnait des cours de mathématiques en y glissant quelques blagues, on comprendrait mieux les maths.

Que conseillerais-tu à un enfant témoin d’un mot ou d’un acte raciste ?

Si l’acte raciste vient d’un adulte, il faut qu’il en parle à ses parents. Si c’est entre enfants, il faut essayer de s’imposer, parce qu’un raciste, quand tu te confrontes à lui, il est très vite déstabilisé. En réalité, il ne fait que répéter un truc qu’il a entendu, à la télé ou dans son entourage. Par exemple, si un enfant dit une « blague » raciste et que tout le monde rigole, il continuera. Il faut intervenir, dire que ce n’est pas drôle, sinon il se sentira encouragé à continuer.

Le Petit Manuel antiraciste pour les enfants (mais pas que !!!) de Rakidd (Rachid Sguini) (Éditions Lapin, 80 p., 12 €)

PROPOS RECUEILLIS PAR ADÈLE (AVEC CÉCILE ROSEVAIGUE)

Photographie : Shérilane Sébéloué pour TROISCOULEURS

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