CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • Paradiscope
  • Article

En ligne : des courts-métrages de la Quinzaine des réalisateurs

  • Léa André-Sarreau
  • 2021-07-23

Jusqu'au 4 août, le festival Scope propose de découvrir gratuitement sept films sélectionnés pour l'édition 2021.

Parmi la sélection, citons Simone est partie de Mathilde Chavanne (France), dans lequel la réalisatrice convoque le souvenir de ses grands-parents récemment décédés. Sans jamais aborder cette mort frontalement, elle investit les lieux vidés de leur présence, dans des décors épurés qu'on image être la reconstitution d'un pavillon de banlieue. Tour à tour, de jeunes comédiens (tous étudiants au Conservatoire de Paris) pour interpréter ces aïeux, tandis qu'en voix-off, la voix du grand-père enregistrée résonne du passé.

En filmant les petits rituels du quotidien qui se délitent dans l'indifférence du monde autour - ne plus savoir mettre une chemise, ne plus retrouver sa chambre - Mathilde Chavanne donne chair à la disparition, la matérialise dans des détails prosaïques, et affronte pudiquement les stigmates de la sénilité. De cette idée de mise en scène troublante - glisser des personnages perdant la mémoire dans la peau de jeunes acteurs - naît la distanciation nécessaire qui permet de dire adieu.

Le film est visible ici

Deuxième pépite repérée : The Windshield Wiper d'Alberto Mielgo (Espagne/Etats-Unis), segment de l'anthologie Love Death and Robots de David Fincher. Le point de départ de ce court-métrage d'animation est tout aussi simple que vertigineux : assis dans un café bruyant, un homme fume, regarde par la fenêtre et se demande ce qu'est l'amour.

A cette question répond une série de vignettes et de situations plus ou moins désabusées... Avec un trait confondant de réalisme, Alberto Mielgo donne vie à la solitude urbaine, ses idylles silencieuses et sensuelles qui se terminent parfois par sms, avec une richesse graphique impressionnante qui rend compte, aussi, de la polysémie d'un sentiment intraduisible par les mots.

Le film est visible ici

Au programme également, un petit bijou d'horreur politique en noir et blanc. Avec The Vandal, l'américain Eddie Alcazar nous plonge dans un monde effrayant qui rappelle l’Amérique du milieu du XXe siècle. Le personnage principal, Harold (Bill Duke) vient de subir une lobotomie, et perd son grand amour en même temps que sa mémoire.

Pour illustrer la descente aux enfers de son personnage, le réalisateur utilise une approche multi-technique qu'il a lui-même baptisée "méta-scope" et qui combine l'animation en stop motion avec prises de vue réelles. Sous les visions hallucinées de son personnage, matérialisées par des gimmicks de l'horreur, des bruitages obsédants et des surimpressions cauchemardesques (impressionnantes séquences où le personnage erre dans un musée et vandalise les tableaux, comme exorcisé et happé par les toiles par un jeu de floutage), Eddie Alcazar revisite la barbarie de la lobotomie, méthode généralisée par le Docteur Freeman dans les années 1940, et dont s'inspire le film.

Le film est visible ici

Le programme complet

Anxious Body - Yoriko Mizushiri (France/Japon)
El Espacio sideral (The Sidereal Space)-Sebastián Schjaer (Argentine)
The Parents’ Room - Diego Marcon (Royaume-Uni/Italie)
Simone est partie - Mathilde Chavanne (France)
The Vandal - Eddie Alcazar (Etats-Unis)
When Night Meets Dawn (Quand la Nuit rencontre l’Aube) - Andreea Cristina Borțun (Roumanie)
The Windshield Wiper - Alberto Mielgo (Espagne/Etats-Unis)

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur