- Queer Gaze
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QUEER GUEST · Laura Vazquez : « Le clip de la chanson All The Things She Said du groupe t.A.T.u. a représenté une sorte d’éblouissement. »
- Timé Zoppé
- 2024-09-16
On a demandé à des figures queer d’âges et d’horizons différents de nous parler des premières images, vues au cinéma ou à la télévision, qui ont fait battre leur petit cœur queer. La poétesse et romancière française Laura Vazquez, prix Goncourt de la poésie 2023 qui s’apprête à donner, le 21 septembre au festival Extra !, une lecture inédite de Zéro, tragédie lesbienne à paraitre aux Editions du sous-sol, s’est confiée à nous sur les images de « Buffy », « Bound » et « t.A.T.u » qui l'ont marquée pendant son adolescence dans les années 2000.
QUEER GUEST est une série d'articles issue de notre rubrique QUEER GAZE, le cinéma LGBTQ+ raconté par la journaliste Timé Zoppé.
« Vers l’âge de 14 ans, je regardais Buffy contre les vampires, le samedi soir et, dans cette série, il y avait un couple de lesbiennes. Je me souviens de l’atmosphère du samedi soir, autour de la trilogie du samedi sur M6, qui passait tard. J’étais seule, en général dans le petit salon de la maison, dans le noir. J’espérais voir les deux filles : Willow et Tara. Elles faisaient de la sorcellerie et elles vivaient des aventures effrayantes, la nuit, avec des vampires et des démons.
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Lire l'articlePlus tard, je devais avoir 15 ans, un soir, sur Canal +, le film Bound a été diffusé. Je l’ai su à l’avance, parce que j’ai vu dans le programme télé papier une image de deux femmes en train de s’embrasser (image que j’ai découpée d’ailleurs). Mes parents n’avaient pas Canal +. J’ai demandé à une de mes tantes, abonnée à la chaîne, d’enregistrer ce film. Elle l’a fait, sur VHS. Elle l’a même regardé et m’a dit : ‘‘il est un peu bizarre ce film’’. Et je l’ai vu plusieurs fois. J’aimais bien l’ambiance silencieuse de ce film. Je me souviens de scènes de murmures, de regards, de quelques bruits. C’est un film dans des espaces clos, assez obscurs.
Plus tard, je devais avoir 15 ans, un soir, sur Canal +, le film Bound a été diffusé. Je l’ai su à l’avance, parce que j’ai vu dans le programme télé papier une image de deux femmes en train de s’embrasser (image que j’ai découpée d’ailleurs). Mes parents n’avaient pas Canal +. J’ai demandé à une de mes tantes, abonnée à la chaîne, d’enregistrer ce film. Elle l’a fait, sur VHS. Elle l’a même regardé et m’a dit : ‘‘il est un peu bizarre ce film’’. Et je l’ai vu plusieurs fois. J’aimais bien l’ambiance silencieuse de ce film. Je me souviens de scènes de murmures, de regards, de quelques bruits. C’est un film dans des espaces clos, assez obscurs.
Je regardais beaucoup la télévision. Les séries. La téléréalité. Les chaînes de clips. Comme toutes les lesbiennes de ma génération, le clip de la chanson All The Things She Said du groupe t.A.T.u. a représenté une sorte d’éblouissement. Deux filles russes, en crise, chantant sous la pluie, séchant les cours, et s’embrassant, c’était le max de la vie.
Le cinéma et les séries queer influencent certainement mon travail, mais je ne saurais pas dire de quelle manière précisément. C’est une compagnie abstraite d’images, de sensations, de couleurs, de sons, de voix. C’est le cinéma. »
: Festival Extra !, jusqu’au 22 septembre au Centre Pompidou, gratuit
: Zéro de Laura Vazquez, à paraitre le 7 novembre aux Editions du sous-sol
Crédit photo : Elise Blotière