- Article
- 5 min
Sergio Leone parle de son ami Ennio Morricone
- Léa André-Sarreau
- 2020-07-10
Suite au décès d’Ennio Morricone à l’âge de 91 ans, France Culture propose de réécouter cette émission de 1989 dans laquelle il évoquait sa collaboration fusionnelle avec lui.
« C’est plus qu’un couple, c’est comme une sorte de mariage involontaire » : en 1989, deux mois avant sa disparition, Sergio Leone confiait à Noël Simsolo qu’Ennio Morricone, en plus d’être son compositeur depuis toujours, était aussi l’un de ses « meilleurs scénaristes ». Dans ce podcast passionnant qui retrace leur collaboration – du western Pour une poignée de dollars (1964) à Il était une fois en Amérique (1984) en passant par Bon, la Brute et le Truand en 1966 -, le cinéaste examine leur méthode de travail intuitive et non conventionnelle, fondée sur un dialogue permanent entre l’image et les partitions mélodiques : « Je fais composer la musique avant de faire le film. Je travaille avec la musique. C’est une complicité, non pas de l’histoire, mais de l’idée. »
—>>> À LIRE AUSSI : L’hommage de John Carpenter à Ennio Morricone
Au fil de l’émission, truffée d’anecdotes, Sergio Leone se rappelle avec nostalgie la façon dont le thème musical associé au personnage du Cheyenne dans ll était une fois dans l’Ouest est né de leurs discussions passionnées : « Avec Ennio, il faut parler avec des adjectifs, et des comparaisons… Je lui demande : « Tu as vu le film de Walt Disney, ‘La Belle et le clochard’ ? Bien, pour moi, Cheyenne c’est le clochard. C’est un voleur, un romantique, un malin, pas fiable, mais en même temps, il sait ce qu’est l’amour. » Et pendant que je m’exprimais ainsi, il se souvenait du petit chien qu’il avait vu à l’époque, et il a commencé à chantonner le thème… ».
Ou encore la façon dont ils ont opté pour un mixage sonore plutôt que pour une musique additionnelle pour la célèbre séquence d’ouverture du film : « Quand j’ai placé les bruits, sans musique, la goutte, les moulins à vent, le vent, la mouche, le train qui arrivait… il y avait toute une ambiance fantastique qui était déjà un grand morceau de musique »