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FOCUS – Comment les documentaristes gèrent-ils l’après-tournage ? [2/3]

  • Thibaut Sève
  • 2021-09-27

Après le tournage puis la diffusion d’un documentaire, qu’advient-il des relations tissées entre le filmeur et le filmé ? À travers trois épisodes, le PLAN DOCU revient sur ce secret bien gardé du documentaire, grâce aux témoignages sensibles et édifiants de trois cinéastes. Épisode 2 : la réalisatrice devenue tatie, avec Anne Gintzburger (« Roman d’une adoption »).

Réalisatrice et productrice de documentaires qui auscultent la société, Anne Gintzburger raconte une expérience rare de relations extrêmement étroites avec les personnes qu’elle suit : la fois où elle a été adoptée par une famille.

« Sept ans et deux films avec les mêmes personnages, je n’y aurais jamais cru quand j’ai envoyé ma bouteille à la mer ! Pour mon film Roman d’une adoption, que je voulais consacrer à un couple d'hommes voulant adopter, j'ai contacté des associations spécialisées sur l'homoparentalité. J’ai écrit une lettre manuscrite avec mes intentions. La rencontre avec Philippe et François, je m’en rappelle parfaitement. C’était lors d’un goûter, où on partageait des éclairs au chocolat. Ce n’était pas un casting comme en fiction, mais plutôt un choix mutuel, un projet partagé. Ils ont déballé leurs vies, moi la mienne, et deux semaines après on commençait à tourner ce premier docu.

« Une de mes filles m’a mise en garde sur mon implication excessive. »

Rien ne se passera comme prévu. Après des années de tournage, alors qu’on était devenus des amis, ils n’arrivent toujours pas à adopter. C’est la mort dans l’âme que je dois livrer le film sans l’arrivée de leur fils. Je leur ai juré que je filmerai cet heureux évènement quand il arrivera, sans penser à le diffuser à la télévision – je concevais le film comme une vidéo familiale que je leur offrirais. Ma vie a repris son cours, les projets s’enchaînaient, mais je gardais un contact très serré avec eux. On s’appelait parfois dix fois par jour. Une de mes filles m’a mise en garde sur mon implication excessive, sur la frontière entre boulot et famille. Et un soir de l’été, un appel à 22h va changer nos vies. Ils m'ont dit : « Il y a un enfant pour nous

FOCUS – Comment les documentaristes gèrent-ils l’après-tournage ?

Lire l'épisode 1 avec Rodolphe Marconi

Je n’ai pas pensé tout de suite à un second documentaire. Le détonateur du Roman de Renan, c’est une vidéo que l’orphelinat avait envoyé à Philippe et François. Je l’ai d’ailleurs insérée dans le film parce qu’on sent que Renan [petit garçon de 10 ans né au Brésil, ndlr] a hâte de venir en France chez ses nouveaux parents. Là, j’ai compris que cet enfant pouvait porter sur ses épaules la suite de l’histoire. Philippe et François ont accepté. France Télévisions m'a suivie. J’ai rencontré Renan, c’était reparti !

La même magie s’est opérée avec cet enfant. Le tournage ressemblait parfois à des vacances. Avec mon équipe, on posait souvent la caméra pour simplement vivre avec cette famille en construction. C’est à la projection parisienne de ce second film qu’on a pris le temps de savourer l’aventure commune de sept ans. Renan m’a tendu un cadeau : un livre fait de collages de photos de tournage et de souvenirs. Toute notre histoire en 40 pages ! Renan a écrit un petit texte dedans qui m’a bouleversé, il m'appelle « Tia ["tante" en portugais, ndlr] Anne ». Oui Renan, ta tante Anne sera toujours là pour toi. »

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