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Napalm de Claude Lanzmann, piqûre de rappel

  • Louis Blanchot
  • 2017-09-06

On ne présente plus celui qui, en premier lieu avec Shoah, mais aussi avec d’autres documentaires autour de l’Holocauste (Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures) et d’Israël (Pourquoi Israël), aura définitivement marqué de son empreinte la fin du XXe siècle. Pour son nouveau film, on s’étonne dès lors de voir l’intéressé se pencher sur une anecdote strictement personnelle, presque dérisoire, qui l’a vu en 1955 faire la rencontre d’une jeune Nord-Coréenne avec qui il aura une liaison éphémère. À l’époque, Lanzmann n’est pas encore cinéaste, mais journaliste – pour Les Temps modernes, notamment. Il est à ce titre invité à intégrer la première délégation d’Europe de l’Ouest autorisée à fouler le sol de la Corée du Nord, après la guerre qui opposa le pays à son voisin du sud. C’est dans les interstices de ce séjour sous haute surveillance que vient se loger cette romance inattendue, interdite, fugace, avec une infirmière venue dans son appartement lui faire une piqûre. Ce film, Lanzmann y  pensait depuis longtemps, tout en sachant qu’il viendrait buter sur un inévitable obstacle : le régime de Kim Jong-un, pas franchement le plus hospitalier pour les tournages de cinéma. Car, on le sait depuis Shoah, la reconstitution est chez Lanzmann un procédé honni et banni – les histoires appartiennent à ceux qui les racontent, de même qu’aux lieux dans lesquelles elles se sont déroulées. Heureusement, le réalisateur a plus d’un tour dans son sac. Prétextant de tourner un film sur le taekwondo (sic !), il se rend sur place avec sa collaboratrice  de toujours, Caroline Champetier, qui le suit sur les traces de son souvenir tout en recueillant sa parole, le temps d’un long monologue qui constitue la matière première du film. Mineur en surface, Napalm (on ne révélera pas ici le beau secret du titre) n’en constitue pas moins une remarquable méditation sur la mémoire, la survivance, l’amour – sur le mystère de ces histoires qui nous construisent, précisément parce qu’elles n’ont pas eu lieu.

de Claude Lanzmann Paname (1h40)
Sortie le 6 septembre

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