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CANNES 2024 · Avec « Marcello Mio », Christophe Honoré signe un grand film de possession

  • Quentin Grosset
  • 2024-05-02

Dans le troublant et hanté « Marcello Mio » (en Compétition au Festival de Cannes) de Christophe Honoré, Chiara Mastroianni décide de faire revenir son père, Marcello Mastroianni, à travers son propre corps d’actrice, comme possédé. Drôle, virevoltante et insaisissable devant ses proches interloqués, elle porte haut l’idée du jeu envers et contre tout.

Dans les films de Christophe Honoré (Les Bien-Aimés, Non ma fille tu n’iras pas danser, Chambre 212), Chiara Mastroianni – dont le réalisateur a toujours dit qu’elle était l’actrice par laquelle il s’exprimait le plus – incarne souvent des êtres de fuite. Marcello mio constitue sûrement l’une de ses plus fougueuses échappées. Avec une dérision irrésistible, elle s’y met en scène comme toujours ramenée à ses parents, Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni, malgré sa solide carrière (elle a tourné avec Raoul Ruiz, Gregg Araki, Sophie Fillières ou Manoel de Oliveira).

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Soudain, elle prend le monde au mot et se présente à lui comme son défunt père, Marcello Mastroianni, en adoptant sa manière aussi élégante que fantasque de s’habiller, de bouger, de parler. Là, Christophe Honoré, dans une forme instable, à vif, loin des ressorts usés et toc du biopic (reconstitution figée, détails pittoresques), renoue avec son travail au théâtre (Les Idoles, Le Ciel de Nantes), dans lequel il s’interroge sur l’incarnation des fantômes, que ce soient des artistes ou des proches disparus. Chiara est alors habitée par Marcello et se voit sans cesse contredite par des injonctions à la vérité, qu’on ressent comme une grande violence.

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Car on veut y croire, on n’a pas du tout envie de toucher à son rêve fragile, à son secret – cette façon déconcertante de s’évader d’elle-même, d’embrasser l’effacement derrière un nom, l’angoisse aussi de disparaître des écrans tandis que les propositions de rôles deviennent moins nombreuses pour les actrices qui ont passé la cinquantaine. Jusqu’où peut-on se laisser hanter par quelqu’un ? Ce retrait d’elle-même est-il un abandon ou une renaissance ? Ce qu’il y a de plus fou et de plus beau, c’est que Chiara Mastroianni refuse ces questions pour devenir cette actrice ou cette possédée absolue, entêtée, contraignant tout le monde à entrer dans son jeu risqué, luttant sans cesse pour raviver la fiction.

Marcello mio de Christophe Honoré, Ad Vitam (2 h), sortie le 22 mai

Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 14 au 25 mai 2023. Tous nos articles sur l’événement sont à suivre ici.

Image : © Ad Vitam

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