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Le culte « La Nuit du chasseur » de Charles Laughton aura droit à un remake par Universal
- Léa André-Sarreau
- 2020-04-08
En 1955 sort La Nuit du chasseur, premier film de Charles Laughton, acteur d’origine britannique tout juste naturalisé et débarqué à Hollywood après un début de carrière sur les planches de théâtre. Malgré sa formation classique, il affectionne l’art contemporain, l’avant-garde, le mélange des genres parfois grotesque, le lyrisme teinté de cruauté. Déconcertant, inclassable, son premier film porte en lui ces audaces, et ne rencontrera jamais son public – un échec commercial et critique qui empêchera Charles Laughton de tourner tout autre film. Ironie du sort : aussi mal-aimé qu’il fut à sa sortie, La Nuit des chasseur est aujourd’hui considéré comme un chef-d’oeuvre, et aura même prochainement droit à un remake chapeauté par Universal. D’après Variety, le studio a fait appel à Matt Orton (The Night Manager, Opération Finale) pour écrire le scénario, qui devrait être une réinterprétation contemporaine de l’intrigue originale.
Who should play the Robert Mitchum villain in Universal's planned remake of Charles Laughton's "Night of the Hunter"? I'll go with Tom Hardy, who's closest to that dark and sexy Mitchum vibe. pic.twitter.com/AFDzLeGsEs
— Anne Thompson (@akstanwyck) April 7, 2020
Adapté d’un best-seller de David Grubb, ce conte hybride, à la lisière du naturalisme et du fantastique, raconte l’histoire du révérend Harry Powell (Robert Mitchum, monstrueux de perversité), tueur en série libidineux, faux prêcheur parcourant le pays pour séduire, dépouiller et tuer de jeunes veuves. Apprenant un jour que son compagnon de cellule a caché chez lui le magot d’un hold-up, il rend visite à son épouse et ses enfants pour leur extorquer le butin…Commence alors une épopée à travers la Virginie des années 1930, au cours de laquelle Charles Laughton déploie un esthétique à la fois étrangement érotique et biblique, empruntant aussi bien à la trame du film noir qu’aux jeux d’ombres expressionnistes (la direction de la photographie signée Stanley Cortez y est pour beaucoup) faisant au passage le portrait d’une Amérique rurale rongée par la crise de 1929, réfugiée dans une religion hypocrite et illusoire.
Un programme ambitieux que le réalisateur résumait parfaitement ainsi: « Notre thème, comme celui du livre original, explique Charles Laughton, se limite à la mise à l’épreuve de petits enfants qui doivent apprendre ceci: le mal a de multiples visages, et la bonté surgit parfois là où on l’attendait le moins. Nous n’avons pas cherché le symbole, mais avons recréé un rêve. » Et qui risque d’être difficile à égaler, surtout lorsque l’on sait qu’il s’agit d’un des films préférés de Guillermo del Toro et David Gordon Green. Prochaine étape: savoir qui prendra la relève de Robert Mitchum et ses mémorables phalanges tatouées de « LOVE » et « HATE ». Qu’importe qui il est, on l’attend au tournant.
Image: Copyright Ciné Classic