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L'ALBUM DU MOIS · « Hands That Bind » de Jim O’Rourke
- 2023-08-02
Jim O’Rourke sort de son exil japonais avec une B.O. nimbant les vastes paysages nord-américains d’inquiétants glissandos électroniques.
Figure influente du rock indépendant américain dans les années 1990-2000 (il a produit certains des meilleurs albums de Smog, Joanna Newsom, Stereolab ou Wilco, a été membre de Gastr del Sol, Loose Fur ou Sonic Youth) et expérimentateur de musique electro-acoustique de haut vol (collaborant notamment avec Derek Bailey, Henry Kaiser, Christian Fennesz et Peter Rehberg), Jim O’Rourke a toujours flirté avec le cinéma. Sa fameuse trilogie d’albums pop, Bad Timing, Eureka et Insignificance, est intitulée d’après des films de Nicolas Roeg ; il a participé à la musique de Grizzly Man de Werner Herzog, à celle – réalisée par sa compagne Eiko Ishibashi – de l’acclamé Drive My Car de Ryusuke Hamaguchi et il a signé les B.O. d’une flopée de films indépendants, dont ceux du réalisateur Kyle Armstrong, qui l’a de nouveau sollicité pour Hands That Bind, film d’épouvante pas encore sorti en France.
D’un premier abord « classique » (piano, contrebasse, violons, percussions) assez inattendu (O’Rourke ne produit quasiment plus que de la musique électronique expérimentale depuis son installation au Japon au début des années 2000), la partition créée pour ce drame gothique situé dans les prairies de l’Ouest canadien dissout une musique folk pastorale, primitive et contemplative, dans de sombres glacis menant vers des abstractions électro-acoustiques. L’ensemble crée une atmosphère à la fois familière et inquiétante, à la tonalité sans cesse changeante, capturant idéalement l’ambiance de ce western teinté de fantastique, dans lequel la précarité paysanne fait glisser ses protagonistes vers la paranoïa. Une B.O. qui se tient toute seule, comme un album à part entière dans une passionnante discographie.
Hands That Bind (original motion picture soundtrack) (Drag City)