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LA SEXTAPE · Et si les films de bikers étaient des films érotiques soft ?
- Lily Bloom
- 2024-06-10
Pourquoi diable suis-je affolée devant « The Bikeriders » de Jeff Nichols, avec cette excitation diffuse et intense, semblable à la fébrilité de l’alcoolique qui pousse la porte d’un bar ?
Ma relation avec les bikers se résume à des soupirs d’exaspération lors de leurs passages en trombe, et au souvenir du père d’une amie, qui avait une Harley, s’enduisait de monoï et vénérait Johnny Hallyday devant un poster géant, avant sa « virée avec les copains ». Pire, lorsque je pense aux bikers américains, les premières images qui me viennent sont celles de bikers trumpistes, repus et bêtes, croisés dans une station-service du Kentucky, qui m’avaient fait comprendre, en entendant mon accent français, que je n’étais pas la bienvenue. Alors pourquoi diable suis-je affolée devant The Bikeriders de Jeff Nichols ?
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Lire l'articlee pourrais sortir la carte de la curiosité cinéphile, j’adore le cinéma de Jeff Nichols (Mud, Take Shelter), et cela m’intéresse de le voir se frotter au film de motards après huit ans d’absence. Mouais. Et puis il y a la distribution à la beauté du diable : Austin Butler, Tom Hardy, Michael Shannon, Boyd Holbrook, Norman Reedus ou encore Mike Faist. Re-mouais. « Pourquoi tu es là ? Pour rien ! » dit un biker dans le film de Jeff Nichols.
Il y a un érotisme désespéré, nihiliste dans les films de bikers, depuis L’Équipée sauvage (1954) avec Marlon Brando (dont Jeff Nichols s’inspire), en passant par les incontournables Easy Rider de Dennis Hopper (1969), Macadam à deux voies de Monte Hellman (1973), Mad Max de George Miller (1982). Les films de motards trimballent dans leur sillage un paquet de têtes brûlées couvertes de tatouages, la clope au bec. Ils sont une célébration de la liberté et de l’individualisme comme l’on en rêve ado. C’est une fille au caractère bien trempé (campée par Jodie Comer) qui nous introduit dans le club des bikeriders.
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Lire l'articleElle croise Bennie (Austin Butler, irrésistible) dans un bar et tombe aussitôt sous son charme… Il y a une sorte d’émerveillement à voir un paquet de garçons jouer aux garçons jusqu’à frôler la parodie. Au cinéma, ils apparaissent tragiques, un peu ridicules, jouant à être des hommes, des vrais, les yeux embués de mythologie du Grand Ouest qui sent le cuir.
Ce sont des rêveurs immobiles, comme l’incarne magnifiquement Austin Butler, vissé sur le cuir de sa moto toute une nuit, attendant sa belle. Quand les lumières du cinéma se rallument, les bikers attendent un peu hébétés le prochain film pour chevaucher de grosses cylindrées à travers l’Amérique et relancer la machine à fantasmes, comme des poupées dociles.
The Bikeriders de Jeff Nichols, Universal Pictures (1 h 56), sortie le 19 juin
Image : © Focus Features