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  • Cannes 2021
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« Jane par Charlotte » : un hommage maternel espiègle

  • David Ezan
  • 2021-07-08

Pour son premier film en tant que réalisatrice, Charlotte Gainsbourg filme son icône de mère – aujourd’hui âgée de 74 ans - dans l’intimité et accomplit un fantasme partagé par beaucoup : celui de réaliser un film de famille inversé, où l’enfant retournerait la caméra sur ses parents.

D’abord, on assiste à l’un des concerts philharmoniques récemment donnés par Jane Birkin, où elle réinterprète, de sa voix gracile, certains titres de Gainsbourg. La foule s’y presse pour acheter l’un de ses portraits de jeunesse comme autant d’images resurgies d’un passé lointain – si lointain que Jane ne cessera d’en parler comme d’une « autre vie. » Images sur papier glacé qui se confondent aussi avec celles de Marilyn ou BB, trônant dans la bâtisse de l’homme à tête de chou.

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Des images qui resteront pourtant au pas de la porte, Jane by Charlotte se voulant moins hommage à une muse immortelle qu’à une mère dans la fleur de l’âge ; une mère à immortaliser en tant que telle. La tâche ne pouvait qu’incomber à l’une de ses filles, et c’est précisément ce qui rend le résultat si proche d’une vérité autrement insaisissable. Qu’importe les scories techniques, les tremblements, les hésitations : au contraire, Charlotte Gainsbourg en fait le cœur d’un film bricolé de ses mains, dont elle assume la belle imperfection.

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C’est que Jane by Charlotte est traversé par un souffle de vie, une espièglerie qui déjoue habilement tout académisme et qui est aussi celle des premières fois, le regard posé par Charlotte sur Jane restant celui d’une éternelle enfant. Les deux femmes s’y confient même sur l’oreiller : leurs exquises conversations sont remplies de moments de grâce, entre confidences douloureuses et anecdotes cocasses, de celles qui ne peuvent être soutirées que lorsqu’on est interrogée par sa fille.

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Le film entier n’est d’ailleurs fait que de ces instants fragiles, de ceux qui adviennent habituellement en coulisse ; dans une séquence génialement nostalgique, mère et fille reviennent à ce titre dans l’appartement de Gainsbourg conservé en l’état et sur le point d’être muséifié, lieu qu’elles ont en commun. C’est là l’occasion de replonger dans leurs propres coulisses comme de questionner un héritage symbolisé par la fille de Charlotte, Jo, dont la silhouette occupe souvent le fond du cadre. De quoi réunir trois générations de femmes sous la même enseigne, qui cumulent en réalité bien plus que trois vies.

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