CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • Entretien
  • Article

James Sweeney : « Moins on considèrera la sexualité comme un concept binaire, mieux on se portera »

  • Quentin Grosset
  • 2022-10-24

Dans son premier long métrage, « Straight Up », l’Américain James Sweeney joue Todd, jeune homme névrosé qui tombe amoureux d’une fille, Rory, avec qui il commence une relation intime mais pas physique. Alors qu’il se concevait jusqu’ici comme un homme gay, ses repères et ceux de son entourage – pas avare de remarques et d’injonctions - vacillent. Le cinéaste nous parle de cette réjouissante comédie romantique qui veut exploser toutes les cases et toutes les normes.

Dans Straight Up, Todd, le héros, lutte pour échapper à des catégories sexuelles et de genres trop figées. Vous vous reconnaissez dans ce personnage ? 

Le film est personnel mais pas autobiographique. Je reconnais la nécessité des étiquettes, elles peuvent avoir un sens pour les gens. Mais je pense qu’elles peuvent aussi devenir préjudiciables, enfermer, surtout si vous ne leur correspondez pas parfaitement. À mon avis, moins on considèrera la sexualité comme un concept binaire, et plus on la considèrera comme un spectre de nuances, mieux on se portera !

« Bros » de Nicholas Stoller : une romcom gay sans compromis

Lire la critique

Dans les comédies romantiques habituellement, le fait que les protagonistes concluent en couchant ensemble est un aboutissement. Dans votre film, Todd et Rory n’ont pas besoin de coucher pour qu’on sache qu’ils sont amoureux, et qu’ils sont heureux ensemble.

Je voulais explorer une relation qui ne met pas l’intimité physique au premier plan. On a souvent cette idée que l’âme sœur doit nous compléter. Et si ce n’est pas le cas, c’est que cette relation n’est pas satisfaisante, il nous faut trouver quelqu’un d’autre. Je pense que ce n’est pas réaliste, en tout cas pour tout le monde. J’étais intéressé par la rencontre de ces deux personnages qui se considèrent comme pas aimables. Et ce n’est pas vraiment le sexe qui les fait tenir ensemble, c’est plutôt leur alchimie émotionnelle et intellectuelle très forte. La question que pose le film est de savoir si une telle relation est durable ou non.

[MOTS CROISÉS] John Cameron Mitchell : « J’ai voulu explorer le côté punk de la queerness. »

Lire l'interview

Le film est tout à la fois une satire de l’hétéronormativité et de l’homonormativité. Quels effets ces normes ont-elles sur nous à votre avis ?

Au début, Todd met comme un costume d’hétéro, et il se demande si ça lui va bien. Alors avec Rory, ils jouent tous deux au papa et à la maman en quelque sorte. Mais en fin de compte, ce que tous deux recherchent, ce n’est pas la sexualité, c’est une intimité. Je crois vraiment qu’ils s’aiment, que leur relation est plus profonde que l’amitié. Concernant les normes sexuelles, quand j’ai écrit le film, je n’y pensais pas de manière théorique, je n’essayais pas de déconstruire la manière dont nous sommes conditionnés, programmés lorsqu’on se dit hétéros, ou gays. J’essayais juste d’écrire simplement ce que je ressens. Je veux que les gens se connectent de manière sensible à mes personnages.

Straight Up de James Sweeney, sortie le 26 octobre, 1h35, L'Atelier Distribution

Image (c) Valparaiso Pictures

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur