I.A. QUOI ? · Un nouveau regard sur la technique 

Dans l’Histoire du cinéma, aucun support d’expression artistique n’a été totalement occulté par la nouveauté. À l’inverse, l’innovation permet de revaloriser une technique qui n’était, auparavant, choisie que par défaut. C’est le cas aujourd’hui du tournage en pellicule : James Gray, Robert Eggers, Paul Thomas Anderson ou, plus près de nous, Bertrand Bonello et Fabrice du Welz ont fait de leur volonté de résister au tournage en numérique un geste artistique fort. Ce faisant, ils nous ont amené à nous questionner sur des aspects auparavant peu discutés de ces technologies : on parle désormais des vertus du grain de la pellicule, de l’apport de certaines émulsions et on découvre de nouveaux atouts à des formats auparavant réservés aux films désargentés, comme le 16mm. 

Plus éloquent encore : le retour ces dernières années de l’animation en volume, ou image par image. Quand Toy Story sort en 1995, c’est la prouesse technologique du studio Pixar qui est mise en avant. Le film est effectivement le premier long métrage intégralement conçu par ordinateur, après des années d’acharnement des deux piliers de la compagnie, Ed Catmull et John Lasseter. Quasiment trente ans après cette prouesse, Pixar vient de sortir un nouveau court-métrage, Self, qui a très ironiquement la singularité d’exploiter une technologie vieille de plus d’un siècle : l’animation image par image.

Et c’est sur cette spécificité, et uniquement sur elle, que s’est axée la promotion de Self. Cette appétence pour l’animation en volume n’est pas isolée : depuis 2010, quatre longs métrage minimum sont conçus chaque année selon ce principe. En 2018, on a même vu treize nouveaux longs métrages en image par image et cinq en 2022, dont l’un, Pinocchio, a remporté l’Oscar du Meilleur Film d’Animation. À l’inverse, en 1991 et 1992, alors que l’image de synthèse faisait sa grande apparition au cinéma, aucun film d’animation en volume n’avait été produit. On redoutait alors, à tort, que cette méthodologie appartienne définitivement au passé. 

En ce sens, l’émergence des I.A. pourrait avoir un effet inattendu, en revalorisant des postes aujourd’hui ignorés. Le fait qu’ils ne soient plus devenus la norme pourrait nous pousser à réfléchir sur leur valeur, leur apport et, dans le cas d’une production qui rechignerait sciemment à employer des I.A., à les remettre en avant au stade de la promotion. Cette perspective est, certes, une piètre consolation pour tous ces métiers sur la sellette. Elle n’en reste pas moins une conséquence inattendue de la marche du progrès. 

Le making-of de Self est à découvrir ici.

EN + Preuve de la résilience des technologies : Kodak vient de remettre sur le marché, à un prix exorbitant, une caméra Super 8 dopée au numérique.

EN + La chaine YouTube du studio spécialisé dans l’image par image Laika regorge de merveilleuses vidéo dévoilant les coulisses de films comme Coraline ou encore Kubo et l’armure magique. 

I.A. Playlist 

Une façon très concrète de réaliser l’évolution des I.A. génératives en quelques années, avec ces comparaisons, à partir du même prompt, de la première et la dernière version de Midjourney. 

ChatGPT pris la main dans le sac ! Nous avons désormais la preuve que le plus célèbre des générateurs de textes a nourri son I.A. de milliers de livres sous copyright, sans verser un centime aux ayants droits. 

À partir du 23 mai, vous pourrez vous procurer le premier magazine annuel Fishe Eye Immersive, entièrement consacré aux arts numériques. Et vous pouvez, dès à présent, consulter le site du groupe, ou vous abonner à l’excellente Newsletter du site. 

Un impressionnant clip réalisé via Sora par l’artiste Paul Trillo, que nous avions déjà interviewé dans cette rubrique pour son court-métrage Thank You For Not Answering. 

Le clip est disponible ici.

Image : © Pixar Animation Studios