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Entretien avec Frederick Wiseman : "Je ne demande qu’une chose : pouvoir tout filmer, absolument tout"

  • Louis Blanchot
  • 2020-10-20

Limpide, monumentale, sans équivalent dans l’histoire du cinéma, son œuvre est un "work in progress" documentaire qui court sur plus de cinq décennies.

L’immense documentariste américain a donné une longue interview au site culturel Please Kill Me, dans laquelle il revient sur son parcours et annonce son prochain film, un documentaire sur l’Hôtel de ville de sa ville natale, Boston.

À 90 ans, rien n’arrête le cinéaste. Après les invariablement excellents Ex Libris (2017) sur la New York Public Library, et Monrovia, Indiana (2019), dans lequel il faisait le portrait d’une petite ville du Midwest après l’élection de Trump, l’infatigable Wiseman, aujourd’hui installé à Paris, est reparti filmé son pays natal, et même, cette fois, sa ville natale.

À LIRE : Notre entretien avec Frederick Wiseman pour la sortie de Monrovia, Indiana

Dans une riche et passionnante interview-carrière donnée il y a quelques jours au site américain Please Kill Me, il avoue qu’il préfère ne pas parler d’un nouveau film quand il est en train de le faire : « Je suis toujours secret et presque parano quand il s’agit d’un film sur lequel je suis en train de travailler. Mais je peux tout de même vous dire que je suis en train de mettre la dernière main à un film sur le Boston City Hall. Le montage est terminé, donc ça ne me dérange pas d’en parler. Je ne sais pas ce que je ferai, après ça. »

L’observation méthodique du Boston City Hall a dû bien plaire à ce spécialiste des institutions, à commencer par son apparence : l’architecture brutaliste élaborée par Kallmann McKinnell & Knowles de ce bâtiment construit en 1969 est considérée par beaucoup comme particulièrement laide (elle a même été élue la plus moche du monde – avec en deuxième position la Tour Montparnasse – par le site Virtual Tourist en 2008).

À LIRE : Documenter la folie, de Frederick Wiseman à Wang Bing

Alors qu’on se demande de plus en plus où le vieux sage va pêcher cette énergie et cette curiosité toutes juvéniles, il annonce n’avoir pas encore atteint son objectif de carrière, lui qui a réalisé pas moins de quarante-cinq films (dont certains comme son tout premier, Titicut Follies (1967), sont passés à la postérité) : « Je m’active pour parvenir à un total de cinquante films avant de mourir, ce qui veut dire que je vais peut-être devoir en faire quelques-uns de cinq minutes pour atteindre mon but, mais c’est bien mon objectif. » C’est tout ce qu’on lui souhaite.

 

Image de couverture : © John Ewing

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