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Florent Bernard : « Je ne suis jamais autant à ma place que sur un plateau de cinéma. »

  • Chloé Blanckaert
  • 2024-04-11

[Portrait] Il a co-écrit les iconiques séries « La Flamme » et « Le Flambeau », et co-signé le scénario de l’angoissant film d’horreur « Vermines ». Le tout en animant depuis neuf ans Floodcast, un des podcasts de discussion les plus cools d’Internet. Cette semaine, son premier long métrage « Nous Les Leroy » sort au cinéma. Une comédie familiale réjouissante, récompensée du Grand Prix au Festival de l’Alpe d’Huez, qui témoigne encore une fois de tout son talent pour l’art de raconter des histoires. Ce qui nous a donné envie d’en savoir plus sur la sienne. Jean, baskets, cheveux en bataille et sourire aux lèvres, Florent Bernard s’est confié sur son parcours impressionnant.

L’ancien studio étudiant du couple a été transformé en un deux pièces moderne. Le banc de leur premier baiser est désormais recouvert d’un graffiti douteux. Leur restaurant fétiche est devenu glauque au possible… Les Leroy vont de déception en déception avec ce road-trip à travers les moments importants de la famille. Pourtant, c’est l’opération de la dernière chance pour Christophe (José Garcia, étonnant), père de famille un peu paumé qui cherche à reconquérir sa femme (Charlotte Gainsbourg, parfaite). 

Nous, les Leroy, comédie multi-générationnelle émouvante, a aussi un air de retour aux sources pour le jeune cinéaste bourguignon de 32 ans qui y filme la région de son enfance. «Je suis quelqu’un de très nostalgique», reconnaît rapidement Florent Bernard. « J’ai écrit ce film en pensant à l’état d’esprit dans lequel j’étais à l’époque. J’étais comme les personnages du film, pas un ado avec des gros problèmes, mais dans un certain mal-être. » 

CYBER-CINÉASTE 

 « Je suis né à la bonne époque », précise avec pudeur le cinéaste, révélé par Youtube au début des années 2010, quand on le questionne sur son parcours. Cinéphile précoce initié au cinéma par ses parents, il se prend une première claque cinématographique avec Star Wars : L’Empire contre-attaque à l’âge de six ans. Biberonné aux bonus DVD et magazines ciné, il parfait sa cinéphilie avec un fort attrait pour la comédie (Patrice Leconte et Judd Apatow en tête), puis quitte le domicile familial après l’obtention de son baccalauréat littéraire pour entamer des études de cinéma à l’Université de Marne La Vallée.

« À cette époque, je n’avais pas en tête de faire du cinéma. Pour moi, c’était inatteignable. J’aimais filmer et monter, alors j’avais comme idée d’avoir une entreprise de films de mariage ou de naissance », explique-t-il, dévoilant un côté terre-à-terre qu’il dit avoir hérité de ses parents. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter sur le développement d’Internet et l’explosion de YouTube.

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Caméra à la main, l’étudiant en cinéma commence à tourner des courts métrages « en adaptant des BD de gars d’internet ». Parmi ces « gars d’internet » : Davy Mourier, auteur de BD, pionnier des vidéos sur le web et membre de Golden Moustache, société de production qui réalise et publie des vidéos humoristiques sur YouTube. En 2012, ce dernier invite Florent Bernard à rejoindre leur équipe. L’apprenti cinéaste monte, écrit puis réalise alors des courts-métrages signés du pseudonyme FloBer, dans lesquels il met en scène de jeunes comédiens, depuis devenus grands : Baptiste Lecaplain, Sophie-Marie Larrouy ou encore Jérôme Niel.

Abordant des thèmes comme la séparation (l'étonnant On reste amis, où deux ex cherchent à nouer une amitié après leur rupture), ou le deuil (le touchant Le Bureau des rêves nous plongeant dans l’imagination d’un fils endeuillé), le vidéaste use d’un humour parfois absurde pour délivrer des récits pleins de tendresse. Ce qui transparaît surtout chez le jeune créatif à cette époque, c’est son goût pour la fabrication collective.

« COLLABORER, C’EST CE QUE JE PRÉFÈRE »

« Je ne travaille qu’avec des gens dont je suis fan » s’exclame-t-il pour justifier ses choix, plus fous les uns que les autres. D’abord, le Floodcast (« un délire entre potes qui nous a un peu dépassé » concède le cinéaste), podcast table ronde, crée en 2015 avec Adrien Ménielle, ancien de Golden Moustache et comédien dément qui brille dans le rôle d’un patron de restaurant lourdingue dans Nous, Les Leroy. Puis une BD (Ollie et l'Alien, sorti aux Éditions Delcourt en 2020, co-écrit avec David Combet), deux séries (La Flamme en 2020, Le Flambeau en 2022, co-écrites avec Jonathan Cohen et Jérémie Galan) et plusieurs longs métrages (dont le terrifiant Vermines, co-écrit et réalisé par Sébastien Vaniček).

Si le jeune auteur aime laisser libre court à son imagination sur différents supports, son écriture est toujours portée par une même envie : celle de s’adresser à toutes les générations. Avec toujours ce même goût pour la punchline bien sentie. 

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En endossant la casquette de réalisateur sur le tournage de Nous, Les Leroy, ce grand anxieux s’est pleinement épanoui : «Je suis quelqu’un qui ne se sent pas à l'aise dans beaucoup d'endroits mais sur un plateau de cinéma, je ne me suis jamais autant senti à ma place», nous confie-t-il dans un soupir de soulagement, avant de s’emballer à l’idée de de renouveler l’expérience avec un second long-métrage en tant qu’auteur et réalisateur. Pour autant, il ne compte pas se la jouer solo puisqu’il travaille actuellement sur l’écriture du très surprenant second long métrage de Sébastien Vaniček (avec qui il avait déjà co-écrit Vermines) : un nouveau volet d’Evil Dead, produit par Sam Raimi, le réalisateur des premiers opus de la saga. De l’horreur à la comédie, d’Internet au cinéma, quelque chose nous dit qu’on n’a pas fini d’entendre le nom de Florent Bernard.

Photo de couverture (c) Leslie Ricci/La petite boîte

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