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FLASHBACK · « Under the Skin » de Jonathan Glazer fête ses 10 ans

  • Damien Leblanc
  • 2024-06-12

Dix ans après sa sortie, le magnétique film fantastique de Jonathan Glazer fascine toujours, sublimé par la présence de Scarlett Johansson, qui apportait à cette œuvre expérimentale une vivace réflexion sur l’incarnation corporelle.

Troisième film de Jonathan Glazer après Sexy Beast (2001) et Birth (2004), Under the Skin sort en France en juin 2014 et réunit plus de 150 000 cinéphiles. Le cinéaste y met en scène Laura (Scarlett Johansson), une extraterrestre d’apparence humaine qui parcourt l’Écosse en camionnette et invite régulièrement des hommes à bord avant de les faire disparaître dans un mystérieux liquide noir.

« Under the Skin est un ovni, envoûtant autant par son esthétique que par le choix de son actrice principale », analyse Céline Staskiewicz, autrice de Sous la peau de Scarlett Johansson (Rouge Profond, 2020). « La filmographie de Johansson a beaucoup à voir avec le corps : une des images qui a ancré sa carrière est le gros plan sur ses fesses qui ouvre Lost in Translation. Cette érotisation a marqué l’inconscient collectif, mais, avec Under the Skin, l’actrice a voulu remettre en question cet aspect corporel pour éviter d’être réduite à son seul physique. Elle joue donc une enveloppe charnelle, un être dénué d’émotion, son corps semble soudain lié à l’artificialité. »

L’année 2014 fut à ce sujet passionnante pour Scarlett Johansson, qui interpréta aussi dans Her de Spike Jonze la voix d’une intelligence artificielle sans corps, puis personnifia dans Lucy de Luc Besson une femme qui se transforme en entité surhumaine. « Tourner Under the Skin participait pour elle d’un vrai choix artistique. Glazer a fait teindre en brun la blondeur de l’actrice et errer sur les routes écossaises cette star qu’il a filmée avec des caméras cachées afin de voir ce que donnerait la rencontre entre glamour et expérimentation. L’aura hollywoodienne subsiste-t-elle quand une vedette joue un tel rôle stoïque ? » Alors que Jonathan Glazer a depuis réalisé le tout aussi radical La Zone d’intérêt, Under the Skin continue, dix ans après, à poser de troublantes questions.

Image : © Sun Bai pour TROISCOULEURS

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