Festival d’Avignon 2024 : nos trois pièces préférées

FOREVER [DANSE]

On y entrait comme dans un mausolée. On en sortait avec l’impression d’avoir participé à la fabrique d’une œuvre dansée. Avec Forever, Boris Charmatz nous fait traverser Café Müller (1978) de la chorégraphe allemande Pina Bausch, dont il dirige la compagnie depuis 2022. Dans une installation dansée de sept heures, en plusieurs séquences qui sont autant de versions différentes, on plonge tout entier dans cette pièce, ses chaises en bois bousculées, ses rendez-vous manqués et sa danse qui fait jaillir un désir dévorant. Une rencontre très privilégiée avec ce spectacle mythique. 

> de Boris Charmatz

CANICULAR [DANSE]

Avec comme scénographie le lierre du jardin de la Vierge, Rebecca Journo s’est exposée en plein soleil, recouverte de fausses pelures de peau brûlée, en maillot de bain en latex. Sur le chant des cigales joué sur scène par Diane Barbé, son abdomen a bruissé, par petites secousses, pour devenir insecte. Une performance aussi étrange que poétique, qui nous a mis face au désastre du réchauffement climatique. 

> de Rebecca Journo

THE DISAPPEARING ACT. [DANSE]

C’était une apparition fantomatique, magique, sur la scène de la cour du lycée Saint-Joseph. Yinka Esi Graves, en costume lamé rose, brillait dans la lumière, le visage caché derrière des chaînettes dorées pendant du plafond. Grâce à ce numéro de flamenco captivant, la danseuse et chorégraphe a fait surgir les racines africaines de la célèbre danse andalouse, pointant l’effacement des corps noirs de l’histoire. 

> d’Yinka Esi Graves

Image de couverture : canicular, Rebecca Journo © Christophe Raynaud de Lage / Festival d'Avignon