CinémaPETIT ÉCRANCultureQUEER GAZEDIVINE GANGI.A. QUOI ?Le magazine
  • News
  • Article
  • 5 min

Expo : « Alain Guiraudie – Photographies »

  • Julien Bécourt
  • 2023-02-16

On connaissait Guiraudie cinéaste et Guiraudie écrivain, le voici désormais photographe. Dans le prolongement direct de ses films et de ses livres, cette série d’instantanés nocturnes dévoile une province hors du temps, à la lisière du fantastique.

Nancy, Angers, Clermont... Aux abois, l’appareil en bandoulière, Alain Guiraudie arpente la France des villes moyennes et s’improvise reporter, dérivant du comptoir d’un rade à un square aux allures de jungle, d’une rue médiévale à une place enluminée de LED. Ici commence la nuit, dans les interstices où se révèle la pénombre de l’inconscient et où se nouent les complicités hors-la-loi. La brillance des tirages n’est pas anodine : elle fait luire la moindre tache de lumière, enveloppant les silhouettes d’un éclat surnaturel.

Loin d’être anecdotiques, les scènes figurées ne sont pourtant rien de plus que ce qu’elles donnent à voir, épousant la tautologie formulée par leur titre : Homme au bar, Clermont jeune à capuche assis, Angers fontaine jeune homme en noir, Nancy homme seul dans un parc et petit garçon de dos... Le regard de Guiraudie se porte sur des micro-détails, sur le non-événementiel au creux de l’existence. Les fantasmes qui guident d’ordinaire ses œuvres cèdent la place à un constat plus factuel.

Homme au bar

A la juste distance, son objectif scrute les zones périurbaines d’une France aux antipodes du microcosme hipster parisien. « Je prends sur le vif, je saisis des gens, des ambiances, des moments. J’ai ce rapport avec la vie et aussi une esthétique », confie le cinéaste. « J’ai trouvé une adéquation, il y a une cohérence entre le sujet et l’esthétique qui devient évidente, à laquelle je n’arrivais pas au cinéma. »

Jeunes femmes sur fond noir

La précision formelle de chaque tirage - le piqué nocturne, les clairs obscurs – ne fait qu’en souligner leur réalisme teinté d’onirisme. L’ennui, le désœuvrement ou la solitude y prédominent, comme un carbone inversé de la start-up nation. Le cosmique rejoint ici le prosaïque, capturant la poésie d’un monde où la lutte des classes n’a pas dit son dernier mot, bien que l’obscurité estompe les distinctions sociales.

Image de couverture : Homme en rouge et jeune femme derrière

Alain Guiraudie – Photographies, jusqu’au 4 mars 2023, Galerie Crèvecœur, 7 rue de Beaune, Paris

Inscrivez-vous à la newsletter

Votre email est uniquement utilisé pour vous adresser les newsletters de mk2. Vous pouvez vous y désinscrire à tout moment via le lien prévu à cet effet intégré à chaque newsletter. Informations légales

Retrouvez-nous sur