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Miyu, la boîte de production d'animation à suivre

  • Perrine Quennesson
  • 2023-10-24

[Dossier animation française] Inclassable, infatigable, novatrice : la société de production parisienne à l’origine de Linda veut du poulet ! (sorti en octobre) a su, ces dernières années, s’imposer dans le paysage
de l’animation indé française.

Après une carrière avortée de cinéaste et une première boîte de production aussi vite montée que coulée, Emmanuel-Alain Raynal lance Miyu en 2009, sans un sou en poche, dans le but de produire des œuvres animées. Tout a commencé avec Europe Écologie-les Verts : « Un soir, au comptoir d’un bar du XXe arrondissement, je croise un ami déprimé qui devait présenter des idées le lendemain pour la campagne européenne des Verts. Entre deux bières, on passe la nuit à imaginer des concepts. Au matin, les responsables du parti adorent. » La campagne – des spots animés d’environ une minute – voit le jour, et Miyu est lancée.

« Linda veut du poulet ! » : l'aile ou la glisse

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Cette année-là, coïncidence ou non, le parti politique récoltera 15,7 % des voix : un record. Depuis, la société s’est installée et a prospéré – elle compte désormais quatre studios (Paris, Valence, Angoulême, Marseille). À son actif, une quarantaine de courts métrages, trois longs, nombre de séries et d’unitaires pour la télévision, et une pelletée de prix rien qu’en 2023, dont une Palme d’or du court métrage pour 27 de Flóra Anna Buda, et un Cristal à Annecy pour Linda veut du poulet ! de Sébastien Laudenbach et Chiara Malta. L’ADN de Miyu tient sur un principe solide : la variété. 2D, 3D, stop motion, rotoscopie, pour jeune public ou pour grands, la société dirigée par Emmanuel-Alain Raynal et Pierre Baussaron, devenu associé en 2015, cherche avant tout l’ivresse de la créativité : « On centre notre travail autour de la vision d’un auteur ou d’une autrice. Ce qui nous amène à explorer de nouvelles formes narratives et graphiques, quitte à développer notre savoir-faire en interne pour pouvoir l’accompagner au mieux. »

27 de Flóra Anna Buda (c) Miyu

Une curiosité risquée, notamment dans le long métrage, compensée par un modèle économique fondé sur la multiplicité des formats : en France, les chaînes de télé et les plateformes sont de grands demandeurs de contenus animés ; mais, du côté des films, c’est plus compliqué. Seuls six à neuf longs d’animation sont produits par an dans l’Hexagone quand, au Japon, l’un des deux autres grands pays de l’animation avec les États-Unis, on en compte une centaine. Un film d’animation représente un budget moyen de 5 millions d’euros et met près de cinq ans à se réaliser, pour un résultat en salles pas toujours garanti. « Mais, quand ça marche, cela montre que l’on peut oser et faire marcher l’exception culturelle française. Le problème est que l’animation est encore ghettoïsée, invisibilisée. Pour beaucoup, il y a les films “normaux” et les films d’animation. Faites le test : demandez à quelqu’un de citer cinq cinéastes d’animation. Après Hayao Miyazaki, souvent, ça bloque », défie Raynal.

Planètes de Momoko Seto (c) Miyu

Pour ne pas limiter l’animation à un « art de la périphérie », Miyu a ouvert une galerie à Paris qui met en avant les travaux artistiques des animateurs, souvent regardés de haut par l’art contemporain. La société a aussi mis en place une résidence avec le FRAC de Picardie afin de continuer à créer des passerelles : « On veut faire bouger les choses, pour être fiers de ce que l’on fait. » Et, parfois, un dessin (animé) vaut mieux qu’un long discours : en ce moment, Miyu travaille à la production de Planètes, un film en prise de vue réelle macroscopique (avec de vraies plantes), en 2D et en 3D, sur des pissenlits obligés de fuir une Terre qui se meurt. La réalisatrice ? Momoko Seto, une ancienne des Beaux-Arts de Marseille et du Fresnoy à Tourcoing qui travaille aussi pour le CNRS. La variété, on vous dit.

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