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À voir sur mk2 Curiosity : « L’Amour à la mer », pépite oubliée de la Nouvelle Vague
- Quentin Grosset
- 2024-07-25
Cet été, mk2 Curiosity vous offre 16 films 100 % curieux à découvrir 100 % gratuitement. Un de nos préférés, « L’Amour à la mer », voit défiler Juliette Gréco, Alain Delon, Romy Schneider, Jean-Claude Brialy ou encore Jean-Pierre Léaud... Une pépite sensuelle oubliée de la Nouvelle Vague, signée Guy Gilles, cinéaste totalement à part.
Pour découvrir le film, c'est par ici.
Le premier film de Guy Gilles (Absences répétées, Le Clair de terre) est une rêverie calme qui sonde l’abîme séparant deux amants, un marin au sourire triste qui vient finir son service militaire à Brest et une secrétaire prise dans l’agitation et les fantasmes de Paris.
Daniel écrit à sa fiancée, Geneviève, près du pont de Recouvrance à Brest, quartier où autrefois les marins venaient prier pour leur bon retour après un voyage en mer. Lui, tout juste revenu de la guerre d’Algérie, n’est pas au fait de cette mystique et n’a pas non plus tellement envie de retourner auprès de sa fiancée à Paris. Marin sans mission zonant dans une ville dure et blanche, reconstruite après les bombardements des années 1940 et dont Guy Gilles fait un portrait documentaire, Daniel ne sait pas très bien ce qu’il vient chercher là.
Sans projeter aucune histoire, aucun fantasme, dans ces lieux neufs et bétonnés cerclés par la mer, il semble comme reposé de Paris, des signes qui s’y accumulent frénétiquement ou des marques du temps qui y sont inscrites. Geneviève l’y attend, mais s’éprend finalement d’un homme qui dit aimer les objets, les antiquités, justement pour les souvenirs…La mise en scène de Guy Gilles, très découpée, morcelée par des détails très simples (le coin d’un visage aperçu au loin, une fenêtre cassée, le néon d’un bar), insiste sur la mémoire affective qu’ont ses personnages des lieux qu’ils traversent.
Lors d’une séquence de confidences, Daniel écoute son ami Guy lui raconter le Paris vagabond et ambigu de sa jeunesse, qu’il considère autant comme une ville d’aventure que comme celle où il a eu froid ou faim. Daniel se souviendra de ce face-à-face à son retour dans la capitale quand, errant, juste avant de mettre un terme à sa relation avec Geneviève, il croisera par hasard Jean-Claude Brialy ou Jean-Pierre Léaud, figures de cinéma remuantes et inespérées dans la nuit un peu maussade de Pigalle.
C’est peut-être aussi à ce moment-là que l’attrait fantasmatique de Brest, qu’il n’a pas su éprouver dans un premier temps, se rappelle à lui. Au détour d’une rue parisienne, Daniel entend résonner les bribes en musique d’un poème de Jean Genet, Le Condamné à mort, auteur qui a fait affleurer tout l’érotisme de la cité du Finistère dans son roman Querelle de Brest. Déjà la tête ailleurs, Daniel pense alors peut-être à Guy lorsqu’il entend chanter : « Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour, nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes. »
Au programme également :
Quand il s’agit de parler d’amour, Truffaut a aussi son mot à dire. « Les Français adorent les histoires d’amour », remarque d’ailleurs Fanny Ardant dans Vivement dimanche !. C’est vrai qu’on est très clients, surtout quand elles sont racontées par François. On vous sert nos Salades de l’amour, condensé de très grand cinéma.
Paris, ville de l’amour, de la mode et… des meurtres mystérieux. Entre polar et comédie, Scandale aux Champs-Élysées, premier long métrage rarissime d’un cinéaste méconnu, offre une plongée fascinante dans l’univers de la haute couture au sortir de la Deuxième Guerre mondiale.
Et fuyez quelques minutes la fourmilière de la capitale avec Ménilmontant (1924), voyage au cœur des ruelles désertes d’un quartier mythique de Paris, foulées par Nadia Sibirskaïa, actrice et compagne de l’immense Dimitri Kirsanoff. Des images d’une rare beauté, qui méritaient cette restauration 4K. Un film totalement muet, pour encore mieux profiter des images.
Puis plongez carrément parmi les requins, Les Seigneurs de la mer, selon Rob Stewart. Les images grandioses de cette enquête qui a tout du thriller se dévorent dans un mélange de fascination et d’effroi. Respect au réalisateur qui a frôlé la prison et la mort pour nous les offrir en 2006.