- News
- Critique
- Article
- 3 min
« Women Do Cry » de Mina Mileva et Vesela Kazakova : un drame bulgare explosif
- Thomas Messias
- 2022-03-07
Avec ce portrait choral de femmes bulgares prises dans la toile du patriarcat, deux réalisatrices dépourvues d’illusions mais remplies de rage signent une comédie dramatique remuante qui donne envie de se retrousser les manches.
Elles sont mères, filles, voire les deux. Au quotidien, ces femmes bulgares se démènent pour exister, être respectées, s’en sortir. Autour d’elles, les hommes brillent par leur absence, quand ce n’est pas par leur médiocrité. Dans une Bulgarie en proie à des débats plus que houleux sur le genre, où le sexisme pousse comme la mauvaise herbe et où les discriminations à l’encontre des personnes LGBTQ vont bon train, leur seul salut semble passer par la sororité.
Traitant de séropositivité, de dépression post-partum ou de transition de genre contrariée, Women Do Cry fait preuve de suffisamment de finesse pour ne pas se transformer en simple énumération de thématiques sociétales. C’est au contraire un film dynamique, à la réjouissante liberté de ton.
Les réalisatrices Mina Mileva et Vesela Kazakova dressent un constat aussi réaliste qu’effarant : sans les hommes cisgenres qu’elles ont croisés sur leur chemin, leurs héroïnes seraient non seulement en meilleure santé, mais également plus en phase avec elles-mêmes. Pas particulièrement optimiste, le film sonne cependant moins comme un appel à la résignation que comme une invitation à brandir le poing et à éradiquer le patriarcat. Vaste programme.
Women Do Cry de Mina Mileva et Vesela Kazakova, Eurozoom (1 h 47), sortie le 9 mars
Image : Maria Bakalova dans Women Do Cry, Copyright ACTIVIST38 - ICI ET LA PRODUCTIONS - ARTE FRANCE CINEMA - 2021 / EUROZOOM