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« Trenque Lauquen » de Laura Citarella : enquête à plis

  • Corentin Lê
  • 2023-05-02

Une femme disparaît dans la pampa et deux hommes partent à sa recherche, point de départ d’une intrigue à tiroirs. Entre récit d’enquête et mélodrame lyrique, Laura Citarella signe un film-fleuve à la fois romanesque et romantique, où chaque histoire en cache toujours une autre.

Dans la province de Buenos Aires, la ville de Trenque Lauquen recèle quelques secrets. Un jour, Laura se volatilise et ses deux amants partent, ensemble, sur ses traces. En laissant longtemps hors champ les raisons de sa disparition, la cinéaste argentine Laura Citarella prend le temps de façonner un film à la structure gigogne (deux parties pour douze chapitres), où il est question de naviguer entre passé et présent au gré d’une série de faits divers et de légendes locales, parmi lesquelles une correspondance entre une certaine Carmen Suza et l’un de ses prétendants.

Construit à la manière d’histoires que l’on se raconterait au coin du feu (comme dans une scène de la deuxième partie), Trenque Lauquen donne dans un premier temps à voir l’ivresse de Laura et son amant Ezequiel lors de leur enquête sur Carmen, avant d’émailler ensuite l’intrigue de nombreuses pistes sibyllines. Dans ce film très bavard, habité par des personnages prolixes qui commentent tout ce qu’ils font, la finalité d’une investigation compte moins que le processus d’enquête, le long duquel il s’agit d’apprendre à se découvrir soi-même, voire de tomber amoureux.

Les fabulations des personnages déteignent ainsi sur leurs visages à la faveur de nombreuses surimpressions qui superposent les acteurs aux environs de Trenque Lauquen, que le film s’attache à cartographier par l’entremise d’une pléthore de déplacements (bibliothèques, fermes, bars, studios d’enregistrement, lacs, maisons isolées, etc.).

Difficile à synthétiser car ouvert aux quatre vents, le film de Laura Citarella s’inscrit dans le prolongement de La Flor de Mariano Llinás, dont elle fut la productrice. Le dispositif quasi sériel, avec ellipses, flashbacks et arcs narratifs qui s’entrecroisent y est reconduit, tout comme l’esprit de troupe (on retrouve une partie du casting).

Tourné sur six années, Trenque Lauquen est en cela aussi un éloge du collectif : la figure mystérieuse de Laura paraît s’imprégner des personnes qu’elle rencontre, des personnages dont elle étudie et imagine la vie, mais également des lieux qu’elle traverse, pour se réinventer par petites touches, chapitre après chapitre, scène après scène.

Images (c) Grandfilm

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