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« Rebel » d’Adil El Arbi et Bilall Fallah
- Damien Leblanc
- 2022-08-23
Suivant l’itinéraire d’un jeune Belge qui se retrouve complice du djihad en Syrie, le duo Adil El Arbi et Bilall Fallah revient au cinéma européen entre deux films hollywoodiens et signe une tragédie familiale à la brutalité pétrifiante.
Kamal (Aboubakr Bensaihi), jeune Belge parti en Syrie au début de la guerre en croyant pouvoir y intervenir comme humanitaire, se retrouve enrôlé au sein du groupe État islamique dont il filme les atroces exactions. Pendant ce temps, en Belgique, des recruteurs tentent de convaincre le jeune frère de Kamal de partir à son tour, au grand dam de leur mère (Lubna Azabal)… Réalisateurs de Bad Boys for Life et de Batgirl (ce dernier film, déjà tourné, vient à la surprise générale d'être annulé par le studio Warner qui a décidé de ne jamais le sortir, ni en salles ni sur aucun support), les Belges Adil El Arbi et Bilall Fallah délaissent le temps d’un film le faste de Hollywood pour retracer une des grandes tragédies de la dernière décennie, qui a vu des Européens partir faire le djihad et participer à des meurtres de masse.
Pour rendre le récit immersif, le duo de cinéastes se livre à une représentation frontale de la violence et à une impressionnante mise en scène qui détaille l’engrenage infernal dans lequel sont pris les personnages. Le film bénéficie en outre de trois puissantes séquences musicales, qui s’apparentent à des numéros de music-hall et racontent l’évolution de Kamal, de la colère initiale au désespoir final. En juxtaposant ainsi chronique sociale, drame familial et film d’action, Rebel apporte une pierre originale et très amère au traitement fictionnel du djihadisme.
Rebel d’Adil El Arbi et Bilall Fallah, Bac Films (2 h 15), sortie le 31 août