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Critique: « Port Authority », le récit d’émancipation exalté de Danielle Lessovitz
- Corentin Lê
- 2019-09-19
La cinéaste new-yorkaise Danielle Lessovitz arpente les rues de sa ville avec ce premier film prometteur, montré à Un certain regard en mai, dans lequel un jeune homme tombe amoureux d’une jeune femme membre de la communauté ballroom.
La cinéaste new-yorkaise Danielle Lessovitz arpente les rues de sa ville avec ce premier film prometteur, montré à Un certain regard en mai, dans lequel un jeune homme tombe amoureux d’une jeune femme membre de la communauté ballroom. Dans la lignée de Mobile Homes (Vladimir de Fontenay, 2018), coécrit par Danielle Lessovitz, et qui montrait un couple de marginaux sillonnant l’Amérique, Port Authority suit les pas d’un jeune paumé, Paul (Fionn Whitehead, force tranquille repérée dans Dunkerque de Christopher Nolan en 2017), qui débarque à New York dans l’espoir de changer de vie. Sauf que sa sœur lui claque la porte au nez, puis qu’il se voit contraint d’expulser des familles de leur foyer afin de pouvoir payer le loyer du sien.
C’est sa rencontre avec Wye (l’emblème LGBTQ Leyna Bloom), une jeune femme évoluant dans la communauté ballroom, qui va symboliser pour lui ce désir de renouveau. Prolongeant par sa mise en scène le mouvement de ces jeunes qui ne tiennent pas en place, Port Authority s’inscrit dans un cinéma social américain habité par la débauche d’énergie (on pense à Mad Love in New York des frères Safdie, sorti en 2016). Lessovitz tire de l’univers des ballrooms et de leur danse, le voguing, l’exemple d’une émancipation découlant de l’acceptation de son propre corps et de celui des autres. Parce qu’il s’est épris d’une femme dont il ignorait la transidentité, le chemin qui attend Paul, avatar de la norme socialement dominante, est en fait celle qu’il doit mener vers sa propre identité.
Port Authority de Danielle Lessovitz, ARP Sélection (1h34), sortie le 25 septembre
Image: ARP Sélection