- Critique
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« Poet » : vivre d'art
- Corentin Lê
- 2022-12-09
Alors qu’il s’apprête à donner une lecture dans l’arrière-pays, un poète kazakh découvre l’histoire de l’un de ses prédécesseurs qui, au 19e siècle, a été exécuté pour avoir refusé de se plier à l’autorité. Un film précis et sensible, comme un poème savamment composé.
Didard, un poète kazakh, regarde par la fenêtre et, touché par la lumière du soleil, commence à écrire sur un carnet dans une cuisine relativement austère… Le début de Poet laisse peu de place au doute quant à la manière dont Darezhan Omirbayev, qui signe ici son sixième long-métrage, s’inscrit dans la filiation directe du cinéma de Robert Bresson, auquel il emprunte, comme Paul Schrader outre-Atlantique, sa figure d’écrivain solitaire et son regard alerte aux petites tragédies et épiphanies du quotidien.
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En télescopant au montage passé et présent – Didard découvre dans un ouvrage la vie d’un célèbre poète kazakh, exécuté après avoir refusé une commande à la gloire du pouvoir au 19e siècle –, le film semble attiré par deux forces contradictoires : la dimension poétique et tragique d’un passé fantasmé et la froideur inhospitalière du monde contemporain, dans lequel se morfond Didard, auteur frustré et sans-le-sou.
Rigoureuse dans ses effets, la mise en scène s’attache dès lors à brouiller cette dichotomie de façade en révélant, par petites touches, ce qui reste encore de poétique dans les plis de la modernité. Histoire de nous rappeler que la poésie n’est pas toujours affaire de nostalgie, et qu’elle peut encore surgir à tous les coins de rue.
: Poet de Darezhan Omirbayev (Alfama Films, 1h45), sortie le 14 décembre