- Critique
- Cannes 2024
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CANNES 2024 · « Le Deuxième Acte » : Quentin Dupieux signe un film méchamment ludique
- Renan Cros
- 2024-05-02
Quentin Dupieux est (déjà) de retour ! Quelques mois à peine après les sorties de « Yannick » et de « Daaaaaalí ! », le cinéaste revient avec « Le Deuxième acte », un film faussement sage, vraiment drôle et méchant, qui fait l’ouverture de Cannes, hors Compétition, le 14 mai, et sort en salles le même jour. Un film comme une bombe à retardement qui éclabousse le cinéma français avec ce qu’il faut d’ironie et de mélancolie.
C’est l’histoire de Florence qui veut présenter David à son père, Guillaume. Oui, mais David, lui, voudrait bien se débarrasser de Florence en la mettant dans les bras de son ami Willy. Tout le monde se retrouve pour déjeuner… dans un film signé Quentin Dupieux. Bien sûr, quelque chose cloche. Déroutant, à la fois sarcastique et grave, Le Deuxième Acte est une valse entre le vrai et le faux, qui fait tournoyer sur elle-même la crème du cinéma d’auteur français. Dupieux et son quatuor de luxe (il n’est pas exagéré de dire que vous n’avez jamais vu Léa Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel et Raphaël Quenard comme ça) jouent les faux semblants avec vraisemblance jusqu’à ce qu’on ne sache plus si le film rit d’eux, de nous, ou si tout le monde devrait pleurer. Personnages et acteurs se dévisagent dans une sorte de « film anomalie » qui pousse l’autodérision vers une sincérité désarmante et crée un malaise voyeuriste d’abord drôle mais très vite inquiétant. Car on ne sait jamais vraiment tout à fait ce qu’on regarde dans ce Deuxième Acte. Est-ce un film ou son making of ?
Léa Seydoux : « La vitalité des actrices me fascine »
Lire l'interviewEst-ce que c’est Vincent Lindon qui se plaint du jeu de Léa Seydoux, les personnages du film qui se disputent ou même des personnages d’acteurs et d’actrices inventés par Dupieux ? Jouant sur plusieurs niveaux de réalité dans le même plan, la même séquence, le film donne le vertige : où commence la fiction, où s’arrête le jeu ? Parsemé de petits effets de réels tordants, le film nous renverse et nous questionne constamment. D’abord ludique et provoquant, Le Deuxième Acte, méchant mais étrangement complice de ses victimes, interroge avec mélancolie la petite fabrique du cinéma, sa mécanisation possible et sa lassitude. Pourtant, le spectateur, lui, bousculé à chaque instant, n’avait jamais senti les ombres sur l’écran aussi vivantes.
Le Deuxième acte (Diaphana, 1h20), sortie le 14 mai
Le Festival de Cannes se tiendra cette année du 14 au 25 mai 2023. Tous nos articles sur l’événement sont à suivre ici.
Image : © Chi-Fou-Mi Productions - Arte France Cinéma