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« L’Affaire Abel Trem » : un thriller hongrois prenant
- Claude Garcia
- 2024-03-05
En imaginant une affaire qui, comme un rouleau compresseur, s'abat sur un élève de lycée accusant à tort son professeur pendant des examens, le réalisateur hongrois Gábor Reisz peint un tableau très frappant de son pays en pleine division.
À Budapest, Abel passe son oral d’histoire. Sous la pression envahissante de son père, obsédé par la réussite scolaire, il échoue. Alors quand il rentre à la maison, il prétend avoir été injustement disqualifié à cause de la cocarde nationaliste qu’il porte sur sa veste, ce qui déclenche un scandale politico-médiatique…
Dans cette période cinématographique qui regorge de thrillers autour de profs acculés par les fausses accusations d’élèves (dont La Salle des profs de l'Allemand İlker Çatak), le Hongrois Gábor Reisz, qui a reçu le Grand prix Orizonti à la Mostra de Venise en 2023 pour ce troisième long métrage, déroule ce nœud dramatique par le truchement de plusieurs protagonistes, pièces d’un même puzzle.
À travers la multiplicité de points de vue se détache celui, central, d’Abel, interprété avec un naturel impressionnant par l’acteur Gáspár Adonyi-Walsh. Son visage à peine pubère garde quelque chose d’enfantin – des scènes de déambulation dans la ville, à la fois douces et mélancoliques, bien éloignées du tapage médiatique, renforcent ce côté fragile du personnage.
En plus de très bien faire sentir les tensions politiques qui minent la société hongroise, ainsi que la propagation accélérée des fake news – deux phénomènes aggravés par la politique d’extrême-droite du président Viktor Orbán –, Reisz capte la détresse d’une jeunesse qui doit grandir dans cette cacophonie généralisée. Et semble dire que cette réalité-là devrait être l’affaire de tous.
: de Gábor Reisz (Memento Distribution, 2h07), sortie le 27 mars